Ma femme de ta vie
de Carla Guelfenbein

critiqué par Philduch, le 7 juillet 2007
(Aix en Provence - 56 ans)


La note:  étoiles
Le triangle amoureux
Roman accrocheur, bien construit, plein de justesse dans l’analyse de ses personnages, « Ma femme de ta vie » met en scène la passion de deux amis pour une même femme, Clara, créature sensuelle et envoûtante.
Théo, le narrateur, est un jeune homme de bonne société, transcendé par l’énergie révolutionnaire d’Antonio, réfugié Chilien prêt à en découdre avec les tortionnaires de son frère assassiné. Aux virées insouciantes d’une jeunesse exubérante succède une phase de préparatifs : inconscient des risques, Antonio veut rallier son pays aux pires moments de la dictature. Sa relation ambiguë avec Clara pèse bien peu face à la grandeur de ses idéaux, du moins le croit-il. C’est sans compter le pouvoir de séduction de Clara, ni l’ambivalence de ses sentiments envers Théo et Antonio. A l’illusion fugace d’un possible triangle amoureux succédera le naufrage d’une belle amitié, une trahison à double tranchant qui se soldera par une rupture fracassante. Quinze douloureuses années s’écouleront avant que les trois protagonistes ne se retrouvent. Antonio vit avec Clara, et si le rêve révolutionnaire s’est dissipé, le feu couve encore sous les braises. Devenu correspondant de guerre, Théo n’a pas renoncé à son amour pour Clara. Seule la brutalité du destin permettra de dénouer les fils de l’écheveau.
Au thème classique de la supériorité destructrice de l’amour sur l’amitié se joignent ceux, plus évanescents, de la fragilité des sentiments, de l’incompréhension amoureuse, de la désillusion.
Texte limpide, sans pathos ni envolées lyriques, « Ma femme de ta vie » est avant tout une belle histoire d’amour, aux personnages secondaires ciselés, dont l’intrigue à trois voix se développe habilement au cours des pages. Une réussite.