Le Drapeau anglais suivi de Le Chercheur de traces et Procès-Verbal
de Imre Kertész

critiqué par Sahkti, le 29 juin 2007
(Genève - 49 ans)


La note:  étoiles
Espoir réprimé
Possédant en fait une édition ne reprenant que "Le drapeau anglais", je ne parlerai que de ce titre et pas des autres (cette fois en tout cas).

Un professeur, lors d'une soirée passée avec d'anciens élèves, raconte l'histoire du drapeau anglais. Une histoire qui est surtout l'occasion pour lui de parler de sa jeunesse, de son pays avant et maintenant, de la liberté et de la privation de cette dernière, des chars, de l'enfermement... Pas de doute, nous sommes bien en Hongrie, confrontés à ce formidable espoir et à la dure répression qui suivit celui-ci en 1956.
A travers ce récit d'un passé encore très présent dans la mémoire du narrateur, Imre Kertész nous parle de ses convictions et aussi, surtout, de la détresse d'un pays, de tout un peuple. Mais il le fait d'une manière étonnante, en utilisant un langage symbolique, des phrases longues, des tournures parfois pompeuses, illustrant finalement à merveille ce discours faussé et téléguidé qui prévalait à cette époque où la vérité ne devait pas être révélée. Tout se disait à demi-mots ou via de savantes formules et Kertész renoue avec cette façon de faire pour mieux encore s'imprégner (et le lecteur avec lui) de l'ambiance sombre des ces années difficiles.
C'est un texte assez amer, on sent le poids des illusions perdues et d'un régime oppressant au possible.
C'est aussi très humain, grâce à de petites scènes de la vie quotidienne qui permettent de mesurer à quel point il pouvait ne pas faire bon vivre en 1956 en Hongrie réprimée.