Sac au dos/A vau l'eau
de Joris-Karl Huysmans

critiqué par Tanneguy, le 14 juin 2007
(Paris - 84 ans)


La note:  étoiles
Vie en France et à Paris il y a cent ans
Ces deux nouvelles de Huysmans récemment rééditées par Gallimard (2007) se lisent avec bonheur ; le style est remarquable et des termes depuis longtemps oubliés enchantent le lecteur (sait-on encore ce qu'était un "bouillon" à Paris ?).

L'auteur, mobilisé en 1870 dans la garde nationale, raconte "sa"guerre en toute simplicité dans la première de ces nouvelles "Sac à dos". Ce n'est pas l'enthousiasme guerrier qui règne dans les corps de troupe et l'on ne s'y passionne guère pour le sort de "Badinguet" et des autres responsables nationaux... Il finira cette aventure dans des hopitaux dans l'ouest de la France.

A vau l'eau est une chronique détaillée de la vie désespérante d'un jeune célibataire dans le Paris du début du XXème siècle. D'une famille pauvre, il a pourtant réussi à intégrer l'administration d'un ministère où il exécute des tâches de "rédaction" sans aucun intérêt : il s'agit de reproduire des écrits officiels avant qu'on intrduise la dactylographie, puis l'informatique... Mais le corps du récit concerne les errances du jeune homme, vieilli avant l'âge, dans le quartier St Germain entre les petits restaurants et parfois les "maisons" accueillantes. Pas le moindre espoir à l'horizon ! Mais un témoignage intéressant.
Très très réussi 9 étoiles

"Sac Au Dos" : un jeune homme s'engage dans l'armée, afin de faire la guerre à la Prusse, en 1870. Il va tout connaître des petits plaisirs de la guerre, entre les combats, les blessures, les morts, les rats, les maladies, la bouffe dégueulasse, les hôpitaux de campagne... Raconté à la première personne, tout d'une traite pendant une cinquantaine de pages, c'est une remarquable nouvelle, qui défonce la guerre tout en conservant pas mal d'innocence et d'optimisme.
"A Vau-l'eau" : un employé de bureau à la vie bien rangée et pourtant médiocre, Folantin, cherche de nouveaux restaurants, dans Paris, afin de varier ses plaisirs, et de trouver un sens à sa vie, quelque part. Sorte de "A Rebours" avant l'heure (Folantin peut faire penser à Des Esseintes), une soixantaine de pages découpées en chapitres, qui se lisent aussi facilement que l'autre nouvelle de ce petit et remarquable recueil. Pour 2 €, prix obligé car imprimé sur le recto, vous avez donc droit à de la remarquable littérature. Pourquoi se priver ?

Bookivore - MENUCOURT - 41 ans - 13 mars 2015


Un cynisme qui tue! 9 étoiles

J'ai lu, plus exactement, "Sac au dos", "Dilemme" et "La retraite de Monsieur Bonnard", en une édition différente donc.
J'ai adoré le style et la critique toujours sous- jacente de la petite bourgeoisie bien hypocrite et laide à souhait. Un délice!

Pepe - - 43 ans - 28 mai 2008