La salle d'attente
de Marie-Jeanne Urech

critiqué par Sahkti, le 31 mai 2007
(Genève - 50 ans)


La note:  étoiles
La mort pour décor
Bienvenue chez les croque-morts, avec cette plongée dans un univers étrange, presque lyrique, habilement mis en scène par Marie-Jeanne Urech dans "la salle d'attente". La mort est omniprésente, ce n'est pas vraiment triste, ce serait presque joyeux, comme pour cacher la crainte de voir disparaître ses proches. Un joli leurre en quelque sorte!
Pas le même genre d'humour ici que dans "Le magasin des suicides" de Jean Teulé, par exemple, c'est différent, moins déjanté, très proche du lecteur.

Galerie de personnages hauts en couleurs, scènes cocasses et surtout, partout, cet univers obsédant de la mort, cette torpeur, cette langueur qui se distillent à chaque page et que j'ai beaucoup aimées. Derrière l'humour se dresse la sensibilité à fleur de peau; Marie-Jeanne Urech a expliqué dans un entretien avoir mis beaucoup d'elle-même et de ses souvenirs dans cette histoire, à travers les décors ou les personnages. On sent que ça vient du coeur et du corps, il y a beaucoup d'humanité dans ce texte qui se lit avec gravité et légèreté à la fois. Parce que aborder la thème de la mort n'est jamais aisé, surtout si on le fait avec l'option sourire; le risque de choquer existe, aucun danger ici, c'est un véritable plaisir de lecture. Je me suis attachée aux personnages, à leurs petits soucis du quotidien, à leurs déambulations au sein d'un univers feutré. La mort est là partout, familière, presque complice de tout ce qui se passe dans les pompes funèbres. Et l'air de rien, c'est rassurant.