L'Echarde
de Renzo Rosso

critiqué par G., le 24 mai 2007
(Rambouillet - 48 ans)


La note:  étoiles
où littérarité et musicalité se mêlent harmonieusement
Lorsqu’un écrivain talentueux se trouve être, par la même occasion, un grand amateur de musique classique, il y a de fortes chances pour que son écriture soit imprégnée d’une forte musicalité. Il en va ainsi, pour Renzo Rosso, né à Trieste en 1926. Ce romancier, nouvelliste, dramaturge et philosophe, vit actuellement à Rome. Il a publié de nombreux ouvrages fréquemment primés en Italie. « L'Echarde » est son premier roman traduit en France aux éditions « Autrement ». L’auteur de ce roman a suivi des études de philosophie et des études au conservatoire de musique, ce qui se ressent, à chacune de ses pages, où littérarité et musicalité se mêlent harmonieusement, afin de peindre, tout en nuances, les turbulences intimes d’un homme expérimenté.

Après la guerre, un célèbre pianiste retrouve Trieste, sa ville natale, où les souvenirs de son enfance affluent. C’est à Trieste que cet homme de 57 ans tombe éperdument amoureux d’une jeune fille dont la jeunesse et la spontanéité lui feront prendre conscience, pour la toute première fois, de sa propre vieillesse. Jusque-là, la notoriété et un certain donjuanisme l’ont maintenu dans l’illusion d’une jeunesse éternelle ; pourtant, peu à peu, affaibli par une crise cardiaque, il s’acheminera sereinement vers la mort. Ce trouble du cœur lui offre, enfin, la chance de connaître la valeur de la vie.
En mettant en scène un grand pianiste ressentant les profondes secousses causées autant par son retour dans sa ville natale que par sa rencontre avec une jeune femme, Renzo Rosso enveloppe de vent et de musique, le jeu transparent et nostalgique du désir et de l'amour. Le regard porté sur le temps et la mémoire est ainsi chargé de lucidité, ce qui ne l’empêche pas d’être tout autant chargé de poésie : riche mélange que seule la magie de l’écriture permet.

En somme, ouvrir ce livre revient à ouvrir grand une fenêtre dont la vue donnerait sur l’âme d’un homme autant conscient des traces tenaces en lui du temps que du peu de temps qu’il reste à son âme pour s’étendre...