Retour en terre de Jim Harrison

Retour en terre de Jim Harrison
( Returning to earth)

Catégorie(s) : Littérature => Anglophone

Critiqué par Jules, le 18 mai 2007 (Bruxelles, Inscrit le 1 décembre 2000, 79 ans)
La note : 8 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 5 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (15 316ème position).
Discussion(s) : 1 (Voir »)
Visites : 7 069  (depuis Novembre 2007)

Un grand livre de plus

Une fois de plus Jim Harrison nous offre un livre superbe ! En lisant la quatrième de couverture, certains lecteurs trouveront le sujet aride, si pas sinistre. Et pourtant ce n’est vraiment pas le cas !...

Nous retrouvons ici plusieurs personnages de « De Marquette à Veracruz » quelques bonnes années plus tard. Il s’agit surtout de Cynthia, David, Polly, Vernice et Vera.
Donald, qui a épousé Cynthia, découvre qu’il est atteint d’une maladie rare et incurable. Il en aurait pour deux ans, pas plus. Ils ont un fils Herald et une fille Clare.

Comme dans « La route du retour » Harrison va, à tour de rôle, donner la parole aux personnages principaux de cette histoire.

Donald, à moitié indien lui-même, est très marqué par la culture et la philosophie de vie et de mort de ceux-ci. Il se sent une partie du tout que forme le monde, celui-ci n’étant pas constitué d’une addition d’éléments indépendants. Il est convaincu qu’il partira vars un autre univers et non pas dans le néant.

Le livre commence par Donald qui nous raconte l’histoire de sa famille mais aussi ce qu’est sa conception du monde, son rapport à sa femme, ses enfants et les autres en général. Parmi ces autres, il convient surtout de ne pas oublier la nature.

Il décide qu’il se donnera la mort en temps utiles et ses proches vont parfaitement comprendre cette position. Ils iront jusqu’à violer les lois pour l’aider.

Après lui c’est K qui va parler, nous raconter comment il voit tout cela. Il est un fils de Polly et considère David comme son père tout en donnant ce même statut à Donald.

Après K ce sera le tour de David à parler puis à Cynthia qui clôturera le livre.

Une fois de plus le style de Jim Harrison nous emporte. D’une écriture simple, mais directe, il nous parle de choses de tous les jours tout en y glissant des phrases d’une très grande profondeur. Sa vision du monde s’imprègne en nous et fait que cette mort de Donald ne nous est en rien pénible. Parce que lui ne la considère pas comme telle non plus.

Nous sommes ici très loin d’un livre triste !... Nous sommes dans un livre intelligent, profond, riche, qui va nous pénétrer et faire lentement partie de nous. Et cela comme l’avait déjà fait « La route du retour » et « Dalva ».

Je tiens cependant à insister sur le fait que, pour qui ne connaît pas encore Jim Harrison, ce n’est pas le livre à choisir pour faire connaissance avec ce grand écrivain. « Nord Michigan », « Dalva » ou « La route du retour » sont alors davantage conseillés.

Ce livre ci est malgré tout plus statique.

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"Comment vivons-nous avec tout ce que nous savons ?"

7 étoiles

Critique de Heyrike (Eure, Inscrit le 19 septembre 2002, 56 ans) - 22 juin 2011

Un récit où quatre voix s'expriment.

Celle de Donald (un sang mêlé, mi-Finnois, mi-Chippewa), le mari de Cynthia, gravement malade, il se sait condamné. Afin de préparer son long voyage vers le territoire des ours, il entreprend de raconter l'histoire de sa famille, réaffirmant ainsi son attachement aux coutumes ancestrales.

Celle de Kenneth, le fils de Polly (l'ex femme de David), qui revient prendre soin de Donald, quelque peu instable il ne peut trouver son équilibre qu'en pratiquant des activités physiques intenses.

Celle de David, qui s'est engagé dans un projet d'aide aux migrants Mexicains en distribuant des kits de survie pour leur permettre de traverser les zones désertiques situées entre le Mexique et les Etats-Unis. Une façon pour lui de se défaire de son obsession narcissique, tout en aidant des êtres en quête de dignité.

Celle de Cynthia, qui tente de se reconstruire après la disparition de son mari.

L'auteur nous renvoie vers les personnages de son roman "De Marquette à Veracruz" avec autant de plaisir. Il est question ici du sens de la vie, de l'interprétation que nous en faisons au gré de nos expériences heureuses et malheureuses. De la communion toujours possible entre la nature et les hommes, pourvu que ces derniers n'oublient pas tout ce qu'ils lui doivent. Tout cela se joue dans l'intensité des émotions qui se nouent entre les individus partageant l'amour de la vie

Comment vivons-nous avec tout ce que nous ignorons ?

Encore touché!

8 étoiles

Critique de Spirit (Ploudaniel/BRETAGNE, Inscrit le 1 février 2005, 63 ans) - 28 mars 2010

Une continuité de Marquette à Veracruz et c'est une bonne chose, comme un whisky que l'on a plaisir à retrouver lorsqu'on le rachète après avoir fini avec regrets la précédente bouteille,c'est heureux que j'ai retrouvé ces personnages, leurs histoire, leurs vies. Avec plaisir que je me suis replongé dans la lecture de Jim Harrison qui ne me déçoit jamais (enfin jusque là). Ils sont bien trop rares ces moments ou l'on se trouve confronté à l'être humain avec ses qualités et ses défaults et Jim Harrison nous les livres toujours avec beaucoup d'affection et d'humanité...

Suite de « Marquette à Veracruz »

7 étoiles

Critique de Tistou (, Inscrit le 10 mai 2004, 67 ans) - 16 mars 2008

Jim Harrison n’est pas du genre à laisser tomber ses personnages comme des malpropres. A plusieurs livres de distance, il est capable de les reprendre là où il les avait laissés pour une suite, autonome, mais qui se savoure d’autant mieux qu’on a lu le ou les épisodes précédents. C’était vrai de la série « Dalva », c’est vrai des épisodes «Chien brun », c’est vrai de la série Donald (et consorts).
Jim Harrison serait-il un des seuls auteurs américains à se préoccuper de l’Américain lambda, non urbain, voire aux origines « native » ? Peut-être bien. Et peut-être aussi est-ce pour cela qu’il rencontre chez nous, en France, un succès qu’il n’obtient pas dans son pays.
Donald, à moitié blanc, à moitié « native » (on dira d’origine indienne Chippewa), se sent de plus en plus concerné par ses origines « native » en vieillissant et surtout en se rapprochant de la mort. C’est qu’il est atteint de sclérose en plaques. « Retour en terre » est donc en partie le récit de sa famille, ou ce qu’il en sait, qu’il dicte à Cynthia, sa femme, afin de laisser une trace. C’est aussi la vision qu’ont de ses derniers jours ses proches, un livre à quatre voix, chacun apportant sa contribution marquée de sa propre sensibilité.
Bien évidemment, s’agissant de Jim Harrison c’est tout sauf simpliste, empli d’un souffle auquel Jim Harrison nous a toujours habitués. La Nature y tient une grande place et c’est plutôt rare chez les auteurs américains.

« A quatre pattes nous avons escaladé la pente raide où le sable glissant entravait notre progression, et nous avons enfin jeté un coup d’oeil de l’autre côté. A une centaine de mètres en contrebas, un gros ours agitait la tête entre un buisson de pois de mer et un massif de fraises sauvages, où il piochait très vite, comme s’il désirait frénétiquement se nourrir. Alors les corbeaux qui volaient au-dessus de lui l’ont sans doute averti, car il s’est dressé sur ses pattes arrières et il a émis un grondement sourd. Je sais que Clare et moi avons pensé la même chose : Est-ce lui ? Est-ce lui ?
Est-ce Donald qui nous salue, qui nous adresse un ultime adieu ? L’ours nous a regardées et Clare a serré ma main. Puis il a franchi la colline en trottinant, ainsi que nous devons tous le faire. »

C’est un peu compliqué quand même et je l’ai trouvé un peu plus hermétique, « dispersé » que d’autres de ses romans tel «De Marquette à Veracruz ».
Enfin «Retour en terre » est un clin d’oeil (si l’on peut dire) à la motivation de Donald qui convainc ses proches de l’enterrer clandestinement sur la Terre de ses ancêtres après une action tout aussi clandestine puisqu’il s’agira ni plus ni moins que de décider lui même de sa mort.

Quatre personnages mais une seule voix

8 étoiles

Critique de Alma (, Inscrite le 22 novembre 2006, - ans) - 16 décembre 2007

Comme un grand parfum qui ne révèle que tardivement sa note de fond, RETOUR EN TERRE ne m’est apparu dans toute sa richesse que plusieurs jours après en avoir terminé la lecture .
Progressivement, certains passages me reviennent en mémoire ; et résonne en moi en particulier tout ce qui a trait à la mort . Heureux Donald pour qui la mort n’est pas une disparition, une fin, mais un retour à la terre, une fusion avec la nature, qu’on accompagne avec douceur et humanité dans ce qui n’est qu’un passage !
La lecture de la première partie du roman m’a toutefois déroutée . D’abord, en raison de la densité des données apportées par Donald : informations portant sur trois générations de personnages, souvenirs qui naissent spontanément , qui s’entrecroisent sans souci de chronologie . Ensuite par les parenthèses de Cynthia – au demeurant utiles pour le contrepoint qu’elles offrent aux réflexions de Donald – dont l’écriture ne se différencie pas de celle des propos tenus par Donald .
Un regret : celui que ce roman choral ne soit écrit que d’une seule ( mais belle…) voix . J’aurais aimé que la sensibilité de chacun des quatre personnages soit traduite dans un style qui le différencie des autres .

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  Retour en terre 3 Dirlandaise 18 décembre 2007 @ 02:48

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