L'Age d'or
de Ferenc Karinthy

critiqué par Sahkti, le 17 mai 2007
(Genève - 50 ans)


La note:  étoiles
Une cave, la fête, la vie
Quel dommage qu'il n'existe pas davantage de textes de Ferenc Karinthy traduits en français! Cet auteur est vraiment un régal, un mélange réussi d'ironie, d'humour, de réalisme et d'élégance.
Son récit nous renvoie à la guerre, Badapest, 1944. Un immeuble victime de bombardements à répétitions voit tous ses habitants se réfugier dans les caves. L'occasion que se mélangent des classes sociales très diverses, obligées de vivre ensemble par la force des choses. Parmi ce petit monde, Beregi, qui se cache parce que juif mais souhaite envers et contre tout mener une vie "comme avant". Pas simple et pourtant... l'homme fait tout ce qu'il peut pour ne penser qu'à l'amour, la nourriture et la belle vie.

Texte fort et court de Ferenc Karinthy qui délivre un formidable message d'espoir, assez interpellant il faut le dire. C'est le goût de la belle vie qui permettra à Beregi de ne pas souffrir de la faim, de se cacher pendant les années noires et de survivre à l'enfer. Ce qui pouvait passer pour de l'insouciance, de l'inconscience, voire même de l'indécence, se révèle en fait être l'unique et meilleur moyen de s'en sortir. Où est la leçon dans tout cela? Peut-être n'y en a-t-il pas... C'est une autre facette de la guerre de Karinthy nous raconte, plus joyeuse mais tout aussi grave. J'ai aimé ce personnage de Beregi, agaçant et touchant à la fois, qu'on a envie de secouer quand il prend des risques et qui s'en sort pourtant mieux que d'autres. Courage et culot au rendez-vous pour une histoire sensible et très humaine.