Mlle Ôishi, tome 1 : Mlle Ôishi, 28 ans, célibataire
de Q-ta Minami

critiqué par Shelton, le 17 mai 2007
(Chalon-sur-Saône - 67 ans)


La note:  étoiles
Beau travail graphique !
La bande dessinée franco-belge a découvert, il y a quelques années, que l’on pouvait raconter, aussi, la vie quotidienne. Les manga japonais, eux, le savaient depuis très longtemps, et il existe un genre manga réservée à cette vie « banale ». Cet ouvrage, « Mlle Ôishi, 28 ans, célibataire » en fait partie même s’il se conjugue en série, puisque, actuellement, trois livres sont sortis en langue française… Celui-ci est le premier…

Il est signé Q-ta Minami qui est une femme mangaka. Oui, au Japon, il y a, aussi, des femmes auteures de bédés. Elles ne sont pas spécialisées dans la vie quotidienne, elles peuvent toucher à tous les thèmes, y compris les plus chauds et coquins et, souvent, avec beaucoup de talent.

Dans cette série, il s’agit de la vie de mademoiselle Kon Ôishi, une jeune femme célibataire, qui travaille à Tokyo. Elle est née en province, dirait-on en France, et vit, donc, loin de sa famille que l’on découvrira en cours d’histoire…

C’est sur son lieu de travail qu’elle va rencontrer, en la personne de son supérieur direct, l’homme qui va occuper sa vie, du moins l’espace des deux cent trente trois premières pages (le premier volume, quoi !). Il se nomme Henmi et il ne vaut pas grand chose et je n’ai pas réussi à le lui dire au départ quand elle le rencontre pour la première fois pour autre chose que le travail. Il est nul ! C’est sûr… Elle ne va le comprendre que tout doucement… L’amour a tendance à rendre aveugle (mais l’aime-t-elle vraiment ?). Et quand il lui aura fait arrêter son boulot, quand il sera licencié, quand elle découvrira qu’il va très souvent passer la nuit chez son ex pour s’occuper des deux enfants, quand il aura emprunté plusieurs millions de yens à son père, à elle, quand elle aura lié sympathie avec le coiffeur qui travaille à côté de la mercerie où elle officie… alors, elle comprendra, certes un peu tard, que ce Henmi ne vaut pas tripette…

En résumant le scénario de cette façon, vous vous demandez pourquoi je me suis mis à lire de tels mangas à l’eau de rose… C’est bien vrai que cela peut paraître surprenant… Mais, je dois vous avouer que je suis tombé amoureux, que j’ai été séduit… non par cette pauvre naïve de mademoiselle Ôishi, mais bien par Q-ta Minami, enfin, surtout par sa narration graphique épurée et d’une efficacité qui n’est pas sans rappeler celle de la ligne claire… Elle ne met dans ses dessins que le strict minimum pour raconter son histoire, elle n’hésite pas à passer sous silence (ces fameuses ellipses diaboliques) certains volets du récit pour nous faire attendre un peu, nous faire deviner, nous obliger à nous mettre à la place des personnages… Les flashs back sont très nombreux et c’est là qu’elle nous livre certains pans de la vie familiale de Kon Ôishi…

C’est donc un manga d’une qualité graphique certaine même si je dois bien vous l’avouer vous comprenez assez rapidement que la vie « trépidante » de notre héroïne ne va pas perturber votre sommeil… Il ne faudrait pas, néanmoins, sous-estimer que des lecteurs plus jeunes, je ne dis pas que des lectrices, pourraient y trouver une source de plaisir… Pour moi, je lirais cette série encore un peu pour cette clarté graphique que j’ai beaucoup aimée et qui justifie la note attribuée…