Le diable, l'assaisonnement
de Denis Montebello

critiqué par Sahkti, le 9 mai 2007
(Genève - 50 ans)


La note:  étoiles
Le goût des mots
"Du sexe des anges, on ne dispute plus. On le dit. On dit aussi, et ce depuis les Gaulois, que les vivants finissent toujours par se rassembler autour d'une table, et les morts, que l'on voit dans le miroir liquide banqueter, dans les flammes" (page 9)

Dans ce recueil de chroniques agréablement accompagnées des photographies de Marc Deneyer, Denis Montebello triture les mots, les expressions et les utilise comme prétexte à digression habile et élégante sur les plaisirs de la table et les rouages de la vie. Que ce soit le/la jonchée, le vin bourru, les lumas ou encore la chaudrée, Denis Montebello nous promène sur les chemins des gourmandises linguistiques et laisse libre cours à une imagination débridée qui recrée l'histoire, la nôtre et celle des mots.
De jolies explications autour d'Angélique de Niort ou de la grimolle, entre autres, mêlent fantaisie, humour et érudition. C'est savoureux et original, un plaisir de lecture (et d'écriture j'imagine).
Mots oubliés, termes de jadis, usages désuets... autant d'éléments qui font de ce livre une petite merveille de douceur et de richesse.
J'aime beaucoup le style de Denis Montebello, sa façon de vivre les aliments, les végétaux et de les mettre en valeur de si belle manière.

"Quand on parle du meuil, on n'en voit pas forcément la queue. Ni le nez. On a beau l'évoquer devant vous, c'est un fantôme sans visage qui apparaît. Un poisson sans tête que vous pêchez ce jour-là. A Oléron. Une histoire sans queue ni tête que celle où on figure avec son nez de meuil, et où, bien qu'elle ne s'adresse pas à vous, bien qu'il ne soit pas question de vous, vous êtes contraint de vous installer." (page 59)