Chien des os de Bernard Du Boucheron

Chien des os de Bernard Du Boucheron

Catégorie(s) : Littérature => Romans historiques

Critiqué par Bertrand-môgendre, le 2 mai 2007 (ici et là, Inscrit le 9 mars 2006, 68 ans)
La note : 8 étoiles
Visites : 3 585  (depuis Novembre 2007)

odes niches

Présentation de l'éditeur
Au XVIe siècle, l'Espagne a brutalement conquis sur les Portugais les îles enchantées de l'Atlantique. La plus grande de ces îles est dominée par le Paul, haut plateau volcanique noyé de brumes, aux pâturages et aux horizons infinis. Les misérables bergers qui y vivent haïssent, parce qu'ils sont riches, " ceux d'En-Bas " qu'ils appellent avec mépris " Chiens des os ". Ceux-ci, grâce à l'eau descendue du Paùl, ont fait du rivage un jardin doré où resplendit la capitale, le Rabaçal, corrompue par toutes sortes de trafics. Les pauvres du Paul s'opposent à l'occupant espagnol ; les riches d'En-Bas s'en accommodent et profitent de son autorité, exercée par le cruel Corregidor Faustino Bellver, tandis que Juifs et Mores se tiennent cois pour échapper à l'Inquisition, et que la Couronne d'Angleterre guette le moment de tirer parti des dissensions locales pour s'emparer de l'île. Complots, coups de main et attentats se multiplient, attisés par les machinations d'un agent secret brillant et cynique. Mais l'amour d'une jeune fille du Paul pour l'un des protagonistes, avec ses conséquences tragiques, réduira à néant bien des ambitions... Un ricanement féroce parcourt ce nouveau récit de Bernard du Boucheron, et si l'espèce humaine, sous sa plume, n'apparaît pas au meilleur de sa forme, on prend un plaisir extrême au commerce de son style impeccable, à la fois nerveux et glacial.

Mon commentaire :
L’esprit noir frappe ce paysage livresque décrit par Du Boucheron.
L’intrigue ressemble à l’épopée de la famille Pizarro ces conquistador espagnols, qui détruisirent le peuple de Cuzco (Pérou).

Tortures, malheurs, conquête, avidité du pouvoir, l’Inquisition cultive ses horreurs. Cet univers morbide rutile des exactions de la caste religieuse puant le souffre, maculant de cinabre les batailles sanglantes, s’engonce de brumes épaisses reléguant la populace dans une misère cruelle.

Conspiration, batailles, guerre, tueries, meurtres, exécutions, supplices, tortures, les riches fomentent les querelles des pauvres, avilissent la cruauté des vengeances, despotent les biens alimentaires devenus monnaie d’échange à prix d’or, par manque d’eau.

L’eau, origine de la vie, trahit ses bienfaits lorsque son manque d’elle tiraille les esprits subversifs vers les affres de l’envie, la jalousie.
Ainsi brossée, l’ambiance sanguinaire gorgée des fruits de massacres atroces, ressemble à la scène d’un tableau de Bruegel le jeune, auteur des scènes infernales, les plus fécondes à propos des exactions, ou à la mise en scène d’une œuvre de Jérôme Bosch « extraction de la pierre de la folie ».

De l’amour il n’est question que par obligation interposée, secret chuchoté, ou alcôve surveillée.

La mort plane au dessus de la totalité des chapitres : celle annoncée par l’espion délateur (apothicaire chroniqueur décrivant la situation des insulaires) ;
celle administrée par le corregidor à ses sujets dispendieux ;
celle calculée par les véhiculeurs d’eau, ce peuple silencieux observateur teigneu lorsque l’injustice les frappe.

Une nouvelle fois après « court serpent » et « coup de fouet », du Boucheron administre son récit de forte éloquente manière, maîtrisant la subtilité des discours, besognant la machination des calculs mêlés d’intrigues.

Une nouvelle fois du Boucheron excelle avec emphase donnant à son écriture un style dynamique les plus passionnel.

Une nouvelle fois, du Boucheron est ennuyeux dans cette aventure qui ne séduira d’autres lecteurs que les passionnés de la langue française, mais sûrement pas les dévoreurs de romance endimanchée.
Ici l’eau de rose a le goût de sueur mêlée à l’odeur fétide d’essence de cadavres putréfiés, teintée couleur sang enivrée par les effluves de souffre balsamique.
Passons sous silence, ce roman historique chargé d’atrocités que l’on souhaite évacuer par les canaux de l’oubli.(bertrand-môgendre)

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