la disparition de richard taylor
de Arnaud Cathrine

critiqué par Bertrand-môgendre, le 29 mars 2007
(ici et là - 68 ans)


La note:  étoiles
ne cherchez pas trop longtemps l'individu, il est transparent
Présentation de l'éditeur
Qui est Richard Taylor ? Un fils et frère modèle, l'époux ordinaire d'une vie trop commune, un jeune père sans relief, un banal employé de la BBC ? Un peu tout cela à la fois. Pourquoi vient-il de fuir sa propre existence ? La réponse ne sera jamais donnée qu'en creux, par ouï-dire, au gré des témoignages d'une dizaine de femmes l'ayant côtoyé avant ou après sa disparition. Parmi elles : l'épouse, la mère, la voisine de palier, la collègue de bureau, l'amie transsexuelle, l'amante sans lendemain, l'attentionnée psychiatre, ou encore la dramaturge suicidée Sarah Kane... La disparition de Richard Taylor est un roman qui interroge à plusieurs voix la crise d'identité masculine de notre époque. Arnaud Cathrine quitte l'enfance de ses précédents huis clos familiaux pour se confronter à une multitude d'incarnations féminines et libérer dans sa langue une crudité et une densité nouvelles.

Biographie de l'auteur
Arnaud Cathrine est l'auteur d'une dizaine de romans, dont Les yeux secs (Verticales, 1998), La route de Midland (Verticales, 2001), Les vies de Luka (Verticales, 2002), Nous ne grandirons pas ensemble (L'école des loisirs, 2006), Sweet home (Verticales, 2005), ainsi que d'un recueil de nouvelles, Exercices de deuil (Verticales, coll. " Minimales ", 2004).

Mon commentaire :
L’exercice réalisé par arnaud cathrine, est difficile : prendre la place de plusieurs individus (essentiellement des femmes) pour imaginer l’impact de leur relation (filiale, amoureuse, professionnelles) avec un homme commun tout à fait ordinaire, même un peu « lavette » comme dirait sa mère.
Comme tout corps étranger sort expulsé de l’épiderme, le richard en question s’expulse lui même de sa propre vie.
De passer d’une maison à l’autre avec pour fil rouge l’individu en quête d’ailleurs, donne un ton particulier à ce roman. L’affaire est menée comme une intrigue policière, reportage journalistique plutôt, donnant la parole aux proches de cet étrange personnage décortiqué par tant d’yeux différents. Cette course au trésor révèle, un peu mieux, au fil des pages, les tourments de celui qui n'a d'importance qu'une fois absent.
Le dernier chapitre passant pour être une chute originale, en devient sanglante.

A femme mère pénible, ou femme amante sécurisée, ou femme torture de l’esprit, découle une pauvre écriture, genre roman photo, mais sans les images.
L'intérêt du jeu passe par une lecture ennuyeuse, sans lendemains qui chantent ou surprises au bout du chemin.
La collection verticalede chez gallimard a ceci de juste (avec un tel titre d'ouvrage) : elle donne à ce livre la trajectoire directe des oubliettes.(bertrand-môgendre)
Tourner la page 7 étoiles

Un jour, un homme quitte tout, femme, enfant, famille, travail, comme après une nuit trop longue de 30 ans il s’éveille, se découvre lui-même, prend le large pour échapper à ce qu’il est devenu sans s’en apercevoir et en quête de ce qu’il ne trouvera sans doute jamais.

Tel est le premier thème évoqué par cette disparition, le manque et le jugement porté par les autres sur cet homme en constituent le second. Arnaud Cathrine avec originalité et brio fait parler les femmes qui jalonnent le parcours de Richard, mêlant le temps on croise toutes celles qu’il a croisées et qui parlent de lui, pensent à lui et s’en souviennent.

Réflexion sur l’absence, ce roman se lit d’une traite, il porte des thématiques déjà développées dans un ouvrage précédent de l’auteur.

La chute est rude, à tous les sens du terme. C’est l’histoire d’un homme malheureux qui ne suscite guère que de l’incompréhension et une certaine forme de colère devant son incapacité à faire face, mais est-ce si simple ?

Monito - - 51 ans - 31 mars 2009


Passablement déprimant 5 étoiles

Richard Taylor a tout pour être heureux : un job à la BBC, une jolie femme, une petite fille adorable, un appartement de 60 m² dans le centre de Londres, une voisine qui hurle un peu trop fort ses jouissances amoureuses ou solitaires, alors pourquoi, du jour au lendemain, disparaît-il soudain ?
Arnaud Cathrine nous offre ici un roman polyphonique finement construit, rempli de références, dans lequel divers personnages féminins vont prendre la parole pour tenter de dénouer l’histoire et le devenir de Richard. C’est bien fichu, c’est court, ça se lit tout seul, mais voilà, c’est quand même un peu plombant. Je connaissais cette atmosphère mélancolique et sombre de l’auteur à travers ses romans jeunesse, mais là, entre dépression et drame terrible, ça ne met pas vraiment en joie.
Un homme qui se cherche, qui regarde sa vie de l’extérieur, qui veut casser le moule dans lequel il s’est trop complaisamment coulé.
Mais je reste un peu sceptique, non sur la construction du roman, qui me plaît beaucoup, mais sur le fonds, et cette crise du trentenaire mal dans sa peau qu’on essaie de nous vendre un peu trop souvent dans une littérature dite « de trentenaires » ; lesquels seraient tous désabusés et passablement déprimés, finit par lasser.
A vous de voir !

Laure256 - - 51 ans - 30 novembre 2007