La consolation des grands espaces
de Gretel Ehrlich

critiqué par Allegra, le 25 mars 2007
(Huy - 52 ans)


La note:  étoiles
Quand la nature sauvage aide à vaincre le deuil et la solitude....
Scénariste à Hollywood, Gretel Ehrlich débarque dans le Wyoming en 1976 afin de filmer quatre vieux bergers sur les monts Big Horn. Le co-auteur du projet, qui est aussi l’homme de sa vie, n’est pas du voyage car il est mourant. C’est son décès qui la décidera à rester dans ces plaines sauvages et à changer du tout au tout. Elle laisse derrière elle sa vie à Los Angeles pour endosser les vêtements de conductrice de troupeaux de moutons.

Durant plusieurs années, elle va partager l'existence de types taciturnes (loin des clichés du cow-boy Marlboro) dont chaque parole prononcée sonne comme un haïku plein de sagesse. Dans des conditions de vie aussi austères, impossible de tenir sans entraide et vraies valeurs humaines. Sous les grands orages, le froid cinglant, la souffrance des heures passées à cheval, Gretel Ehrlich trouve peu à peu le chemin qui la ramènera des années plus tard à une sorte de sérénité, un nouveau sens à sa vie.

Ce livre est à la croisée entre le « cahier d’errance », le roman et l’essai. Gretel Ehrlich nous raconte comment elle est sortie de sa vie pour la trouver, comment elle s’est mesurée à elle-même pour se découvrir, comment elle est partie pour découvrir le chemin du retour…..
Ici, la nature sauvage est un guide dont les extrémités nous permettent de découvrir les nôtres.

L’écriture est belle, poétique, sensuelle. Les descriptions de la nature sont aussi somptueuses que la nature elle-même. Quelques belles phrases pour justifier mes affirmations :

« La nuit, au clair de lune, le pays est rayé d’argent – une crête, une rivière, un liseré de verdure qui s’étend jusque dans la montagne, puis le vaste ciel. Un matin, j’ai vu une lune toute ronde à l‘ouest, juste au moment où le soleil se levait. Et tandis que je chevauchais à travers un pré, je me suis sentie suspendue entre ces deux astres, dans un équilibre précaire. Pendant un moment, il m’a semblé que les étoiles, qu’on voyait encore, tenaient ensemble toutes choses comme des cercles de tonnelier. »

« En sortant de l’étable, nous vîmes une aurore boréale. On eût dit de la poudre tombée d’un visage de femme. Rouge à joues et ombre à paupières bleue veinaient les flèches de lumière blanche qui fusaient et vibraient, associant les couleurs – comme s’associent les destins – avant de s’effacer. »