Les oubliés de Christian Gailly

Les oubliés de Christian Gailly

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Tistou, le 14 mars 2007 (Inscrit le 10 mai 2004, 67 ans)
La note : 7 étoiles
Moyenne des notes : 9 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (22 905ème position).
Visites : 3 712  (depuis Novembre 2007)

Histoire de mort et d'amour

Une histoire bien dans la tradition Christian Gailly, une histoire d’êtres de chair et de sang. Ce sang qui peut se vider et vous laisser sans vie, cette chair qui donne beaucoup aux relations que peuvent avoir les hommes entre eux.
Deux journalistes tiennent une chronique dans un journal ; « Les oubliés ».
« Brighton et Schooner partaient en mission. Ca les amusait d’appeler ça des missions. Ca faisait correspondant de guerre. De simples déplacements pour le journal. Rien de bien dangereux. Les pages culturelles. Une chronique hebdomadaire intitulée : « Que sont-ils devenus ? » Des artistes oubliés. Des écrivains, des peintres, des musiciens. »
Ils se rendent en voiture « en Bretagne retirée » (sic !) pour rencontrer Suzanne Moss, grande artiste, ancienne violoncelliste.
Ils n’y parviendront pas. Accident. L’un mourra. L’autre … fera en sorte de revenir interviewer Suzanne Moss et … comme dit plus haut, êtres de chair et de sang. Là ce sera le côté chair.
Il y a un côté désabusé, fataliste, inexorable, dans les histoires qui souvent dégénèrent en amour de Christian Gailly. « Les oubliés » est de celles-là. Pas de l’eau de rose. Loin de là. Un amour qui vous tombe dessus, qui s’impose de la façon la plus improbable, un peu comme dans la vraie vie. Un bon point donc.
Par contre, toujours ce style, ou plutôt cette exagération de style, qui en deviendrait presque une faute et qui m’a empêché de mettre 4*. Je veux parler de ceci par exemple :
« Elle céda son tour. Rien qu’un instant. Pardon, dit Brighton, excusez-moi. Il actionna la poignée. Plusieurs fois. Sans résultat. Puis à travers la porte engagea. Ce qu’il eût souhaité être. Une conversation. Du moins le tenta-t-il : … »
Cette scansion, avec des points au milieu des phrases … Trop fréquent. Et heurtant.
Mais ça reste une très belle histoire.

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10 étoiles

Critique de Matthias1992 (, Inscrit le 27 août 2007, 32 ans) - 2 décembre 2012

Christian Gailly a définitivement une manière bien à lui de raconter une histoire. C'est quelqu'un qui a troqué son saxo contre un stylo, et ça se ressent dans son écriture. Il y a chez lui une pulsation, un rythme propre qui innerve tout son récit. Sa scansion heurtée, qui peut sembler un tic d'écriture facile, est en fait une manière de donner une ampleur renouvelée à un morceau de phrase, un objet ou à un élément à première vue banale du quotidien.
Ce sont toujours les mêmes sujets dont nous parle la littérature - la vie, la mort, l'amour - et Gailly le sait. Et ce n'est pas par le fond que le présent ouvrage tire son originalité, mais bien par la forme. Une forme qui ne laissera d'ailleurs pas de nous séduire. Qui, sous des allures très modestes, met en scène les problématiques majeures de l'existence humaine. Hop ! Voici Mesdames et Messieurs, un petit récit de 140 pages, imprimées en caractères relativement gros, et qui se laissent avaler en même pas deux heures de train. Mais, mine de rien, "Les Oubliés" nous (re)disent tout ce qui, dans une vie, importe : la mort d'un être cher, les passions ravivées, la peur de l'oubli, et l'obsession de la trace. Sous des allures de gratuité, l'écriture de Gailly est en fait dictée par la nécessité.

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