Angelus
de Tim Winton

critiqué par Aaro-Benjamin G., le 14 mars 2007
(Montréal - 54 ans)


La note:  étoiles
On visite mais on ne reste pas
Les dix-sept nouvelles composant cette collection ont comme décor la ville fictive d’Angelus en Australie. Ce ne sont pas des histoires fringantes avec une finale surprise. L’approche en est une d’observation. L’auteur partage l’intimité de ses personnages à travers les drames ou les souvenirs qui les hantent.

Que ce soit la fascination d’un adolescent pour une tache de naissance sur le visage d’une copine de classe ou la mémoire d’une noyade, les événements du passé refont surface au fur et à mesure que les personnages évoluent ou deviennent adultes. Cette manière de recycler les personnages des nouvelles précédentes dans les suivantes est intelligente, mais trop souvent j’avais oublié de quoi il en ressortait.

L’évocation du sud ouest australien et des tourments intérieurs est admirablement rendue avec une écriture poétique. Winton est désormais un des grands écrivains du Commonwealth après tout. Toutefois, malgré la force de sa plume, son univers est déprimant. Le bonheur se fait rare dans cette petite ville de bord de mer, l’espoir aussi. La mort, la fracture de la famille, les accidents et l’absence d’amour sont les grands thèmes de ce livre.

Des beaux textes bouleversants, mais je ne peux m’empêcher de penser qu’ils auraient été plus efficaces réorganisés en un roman.
Toile d’araignée 8 étoiles

Les dix-sept nouvelles que comporte cet ouvrage ont comme point commun Angelus, petite ville côtière en Australie, ainsi que certains personnages qui apparaissent dans plusieurs histoires. Cette façon de lier les nouvelles entre elles est astucieuse car une unité s’en dégage lentement. Oui, lentement, car c’est aussi de cette manière que je suis entrée dans le livre. Les premières nouvelles ne m’ont pas accrochée du tout, mais petit à petit, l’univers d’Angelus s’est imposé à moi, pour finir en apothéose avec les derniers récits qui m’ont convaincue par leur côté fouillé, allant au cœur de l’authentique. Un peu comme une araignée qui tisse sa toile sans que rien ne puisse la détourner de sa tâche… Les éléments épars sont finalement connectés par un fil de soie, fragile et solide à la fois. Un simple coup de vent n’en viendra pas à bout, ainsi que nous le montre les personnages de Winton, et il y a toujours moyen de colmater les cassures (par l’alcool, ou l’amitié). Le livre terminé, la toile est complète, les personnages reliés et Angelus apparaît alors, dans toute sa complexité.

Alors bien sûr, le livre n’est pas optimiste. Les personnages sont assez rudes et les destinées flirtent avec la mort. On ne ressort pas de cette lecture enthousiaste par rapport à l’être humain et au sens de l’existence. Mais tout espoir n’est pas banni… Pour preuve, voici les derniers mots du livre : « il était heureux »…

Saint-Germain-des-Prés - Liernu - 56 ans - 7 novembre 2011