Mishima
de Bernard Marillier

critiqué par CC.RIDER, le 10 mars 2007
( - 66 ans)


La note:  étoiles
Une brillante bio
Retracer la vie intense et fulgurante de Mishima Yukio, l'un des plus grands auteurs japonais de l'après-guerre et surtout donner à comprendre sa personnalité aux lecteurs occidentaux n'était pas chose facile. L'écrivain et son oeuvre sont paradoxalement tout à la fois dans le monde moderne et hors de celui-ci. Mishima en dénonce avec une constante virulence toutes les fausses valeurs alors qu'il exalte les idéaux du Japon traditionnel, sa conscience de la dimension tragique de la vie, sa conception martiale et sacrificielle et sa fidélité absolue au principe impérial. Il s'impose le défi du "bunburyôdô, la double voie de l'art et de l'action, de l'éthique et de l'esthétique dont l'aboutissement ne pouvait être que la mort consciente et désirée. En effet, à 45 ans, en 1970, Mishima se suicida selon l'ancien rite samouraï du suppuku.
D'après Marillier cet homme " résume à lui seul les incertitudes, les insuiétudes et les doutes qui assaillirent de nombreux intellectuels nippons, pour qui la première grande défaite militaire de l'histoire de leur pays constituait une rupture totale au sein de la culture japonaise."
Une telle compréhension du parcours de Mishima qui le fait constamment osciller entre la pensée et l'action jusqu'à tenter par la création de la "Société du Bouclier" de rétablir l'équilibre entre le Chrysanthème et l'Epée suppose l'abandon des idées reçues et ce n'est pas le moindre mérite du livre qui se révèle une biographie ausi brillante que magistrale du grand écrivain.