A propos d'Astolfo de Pier Maria Pasinetti

A propos d'Astolfo de Pier Maria Pasinetti
( A proposito di Astolfo)

Catégorie(s) : Littérature => Européenne non-francophone

Critiqué par Reginalda, le 6 mars 2007 (lyon, Inscrite le 6 juin 2006, 57 ans)
La note : 10 étoiles
Moyenne des notes : 10 étoiles (basée sur 2 avis)
Visites : 4 374  (depuis Novembre 2007)

L'éternelle jeunesse de Pasinetti

Où peut-on trouver des évocations de la Première guerre mondiale, des talk-shows qui règnent sur l’audimat actuel, d’une chaîne d’orphelinats pour victimes de guerillas, des plaisirs du planeur et des inconvénients de la recherche moderne ? Dans le plus bref roman de P.M. Pasinetti (1913-2006), écrivain culte pour les connaisseurs de la littérature italienne, qui n’a jamais mêlé avec autant de brio et de légèreté douce-amère les sujets les plus hétéroclites, pourtant unis de façon toute naturelle par sa vision du monde.
« A propos d’Astolfo » peut faire paraître étriqués et lourdauds nombre de gros ouvrages ambitieux. Sa conception d’ensemble, liée à l’idée d’un narrateur qui prend des notes « décousues » sur son fils spirituel, permet d’inclure dans le récit une kyrielle de personnages de générations et d’origines variées – la famille du protagoniste (fort étendue), ses amis, ses ennemis, ses amours… - dont la plupart n’apparaissent dans le texte que très épisodiquement, mais d’une manière qui les rend inoubliables autant que riches de potentiel symbolique. Avant même d’avoir achevé le livre, le lecteur se rend compte que l’auteur s’est débrouillé, mine de rien (sans qu’on s’aperçoive de ses procédés), pour nous offrir un condensé du monde actuel comme des traits les plus marquants du XXe siècle.
Tout cela, avec une virtuosité qui permet de mener, en feignant de parler à bâtons rompus, un vrai récit à suspense : alors qu’on croyait suivre une intrigue amoureuse, l’on se retrouve au milieu d’une situation qui tourne au lynchage médiatique, et l’on réalise que les petits faits et gestes d’un groupe de mondains peuvent avoir des effets secondaires effarants… Les pièges et les revirements du récit vont de pair avec un humour omniprésent, qui prend les formes les plus diverses, et qui n’est pas le moindre avantage de ce roman. De même qu’il unit les images a priori les moins compatibles, le regard de Pasinetti nous indique le risible même dans les événements les plus graves, sans nous priver pour autant des autres gammes émotionnelles qu’ils impliquent.
Ce dernier livre d’un grand romancier révèle une capacité de renouvellement, un sens de l’actuel et une fraîcheur que d’autres perdent avant d’avoir atteint la moitié de son âge. Conçu comme un testament, « A propos d’Astolfo » est paradoxalement la preuve de l’éternelle jeunesse de Pasinetti.

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Mais qui est donc Astolfo ?

10 étoiles

Critique de Missef (, Inscrite le 5 mars 2007, 58 ans) - 26 mai 2007

Qui est donc cet Astolfo dont tout le monde parle, qui ne laisse personne indifférent (inspirant admiration aux uns, jalousie aux autres,...), mais qui n’apparaît finalement que si peu dans ce roman ?
Comme nous le dit le titre, c’est A Propos d’Astolfo que tous s’interrogent, autour de cet être fascinant que tournent toutes les conversations de ce roman. Et pourtant, personne ne semble savoir qui il est vraiment : « à divers endroits de la planète, on a noté l’existence d’un certain Astolfo Przybyszewsky, connu comme acteur et danseur » nous dit Hugo Blatt, le narrateur, qui fait pourtant partie de son cercle de connaissances proches.
C’est le caractère énigmatique, le mystère qui entoure ce personnage majeur bien que quasi-absent, qui font l’une des particularités et l’un des intérêts de ce roman. Mais c’est aussi, et je dirais même surtout le style de l’auteur (qui nous a quittés récemment) qui marquera la mémoire des lecteurs d’Astolfo. Pier Maria Pasinetti, s’autorise tout avec maestria : des abréviations aux expressions en anglais ou en dialecte vénitien, des phrases sans point final aux paragraphes se terminant par des virgules, des répétitions aux ellipses... Pourtant il ne perd pas en chemin, entre Venise et les Etats Unis, son lecteur amusé. Il attise sa curiosité, le fait sourire et réfléchir à la vacuité des conversations (ou plutôt des bavardages, tant elles paraissent superficielles) qu’il partage avec des personnages du beau monde, microcosme en vue de la société. On croise donc dans cet ouvrage cosmopolite Gilberto Rossi, beau-père d’Astolfo et ami du narrateur, qui d’ailleurs loge chez lui à Venise après s’être séparé de sa femme, Alice Weaver. Ces deux-là ne se comprennent plus, même si, comme l’avoue Blatt, ils n’arrivent pas à se trouver antipathiques. Peut-être pourraient-ils s’aimer à nouveau ? Il y a aussi une kyrielle de jeunes femmes, formant une ronde autour du bel Astolfo : ses cousines, les trois sœurs Peck, la mystérieuse Milagros, qui a tout oublié de sa petite enfance, et, Checkie, actrice et belle, comme lui. Et puis il y a Bart, le cinéaste maudit...
Bref, on est très vite absorbé, entraîné dans un tourbillon de discussions, à chaque page étonné par une écriture rare, inédite et en tout cas adictive.

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