Malédiction d'Edgar (La), tome 1 : Destin présidentiel
de Marc Dugain (Scénario), Didier Chardez (Dessin)

critiqué par Shelton, le 6 mars 2007
(Chalon-sur-Saône - 67 ans)


La note:  étoiles
Passionnant !
« La bande dessinée c’est le luxe du cinéma sans les contraintes de budget. Une bonne raison de s’engager dans cette aventure ». Cette phrase de Marc Dugain, romancier à succès dont certains ouvrages ont été ou vont être adaptés au cinéma – on lui doit, certes, La malédiction d’Edgar, mais, aussi, La chambre des officiers – me semble montrer à quel point la bédé est un art narratif à part entière… En tous cas, Marc Dugain signe là son premier scénario dans le neuvième art et je ne pense pas que ce sera le dernier tant le résultat est probant.
Pour ceux qui n’auraient pas lu le roman de départ – pas de honte à cela, c’est, aussi, mon cas – disons que c’est une histoire complexe où réalité et fiction se rencontreront sans que l’on puisse toujours dire où se situent les frontières entre les deux… Edgar, Edgar Hoover pour être précis, dirige le FBI et il pense avoir une mission au-dessus de toutes les autres : « Je suis le garant de l’ordre moral de cette nation ». Il va donc agir au près de tous les présidents des Etats-Unis de son vivant, à commencer par Roosevelt, Truman… et un certain Kennedy qu’il va suivre depuis ses débuts ou presque…
C’est véritablement surprenant de voir Hoover avec son « amant » Clyde – difficile de dire si Hoover est passé à l’acte car dans la bédé on le voit plus aux prises avec sa conscience que chevauchant son partenaire – car on aurait pu penser qu’un homosexuel aux States dans ces années se serait fait poursuivre de toute la haine possible… mais, en fait, quand on tient tout le monde, on ne risque pas grand chose… Il sait tout de tous les candidats à la Maison Blanche, leurs vices plus ou moins cachés se révèlent à lui, jeux, femmes, argent, hommes…
John Kennedy a beaucoup de défauts et certaines qualités aussi, aux yeux de Hoover. Il exploitera tout en aidant un Démocrate, alors que fondamentalement, il était plus proche des Républicains. On apprend beaucoup sur ce président mythique des USA, même si son aspect coureur de jupons était passablement arrivé sur la place publique. Mais on parle de sa maladie, de ses frères, de son père, de son p… de caractère, de ses exploits militaires…
Dans les grands épisodes de la période couverte par le premier album de la série, Destin présidentiel, on va aborder la chasse aux sorcières, la fameuse lutte totale contre les communistes menée par le politique Mac Carthy… et l’anticommunisme de Kennedy qui prendra tout son sens dans les crises qu’il aura à gérer en tant que président (Cuba et Berlin)…
Je ne voudrais pas vous faire croire que cette bédé est totalement historique et parfaitement exacte. Elle est l’adaptation d’un roman, non d’une biographie historique… Mais elle se lit très bien et rapidement on est dans une grande aventure, non coincé dans un microcosme intellectuel. C’est un bon ouvrage d’aventure humaine, d’espionnage et de politique.
Le dessin de Didier Chardez est très classique, réaliste, même, quand il s’agit de représenter les personnages ayant existé, permet aux lecteurs, des plus novices aux plus experts en lecture de bédé, de plonger dans l’histoire et passer un excellent moment dans cet album…
BOF BOF... 4 étoiles

Adaptation en BD du roman éponyme de M. DUGAIN lui-même, cette BD est loin de m’avoir convaincu. L’histoire est très linéaire, et sans grandes surprises. Je comprends qu’il s’agit ici surtout de raconter l’histoire et rien que l’histoire, mais tout de même, toute cette « rigidité », ce manque d’ampleur, d’imagination créative, lasse un peu à la fin de la BD !...

La BD ne fait que suivre la trame du roman, allant même jusqu’à reprendre intégralement et mot par mot certaines phrases que j’ai lues dans le roman. Rien de scabreux non plus, bien que les thèmes de l’homosexualité, de l’argent sale et des coureurs de jupon soient ici largement abordés. Sans doute manque-t-il le talent provocateur d’un scénariste de grand talent comme Alejandro JODOROWSKI, pour donner un « coup de fouet » à cette BD.

Le cadrage est lui très classique, les couleurs sont belles, mais les visages des personnages sont vraiment très mal dessinés, trop carrés, mal dégrossis (voir notamment la tête de Bobby KENNEDY) et finissent par se ressembler un peu tous à la fin. Honnêtement je dois dire que certains visages ne ressemblent pas du tout (mais alors pas du tout !...) aux personnages historiques qu’ils sont censés représenter !...

Pas grand-chose à en dire de plus, il me faudra sans doute une très bonne raison pour me convaincre d’acheter les deux suites parues.

Septularisen - Luxembourg - 56 ans - 6 août 2014