Si loin du monde
de Lionel Duroy, Tavae Raioaoa

critiqué par CC.RIDER, le 5 mars 2007
( - 66 ans)


La note:  étoiles
Un vieux pêcheur courageux...
Un vieux pêcheur tahitien, l’un des derniers encore capable de harponner le mahi-mahi de façon traditionnelle se retrouve perdu en pleine mer suite à une panne de moteur. Dès le lendemain, son frère, pêcheur également, la gendarmerie et de nombreux autres pêcheurs partent à son secours. En vain. Les jours passent, petit à petit tout espoir de le retrouver se perd. Et Tavae, complètement parti à la dérive dans les immensités du Pacifique va réussir à survivre à 118 jours de solitude, avec quelques gorgées d’eau par jour et quelques lamelles des poissons qu’il arrive à pêcher.

Sans sa profonde connaissance de la mer et sa foi profonde jamais il n’aurait pu supporter une telle épreuve…

Ce livre est une formidable leçon de courage, de ténacité mais aussi de modestie face aux éléments souvent déchaînés.

Il nous fait découvrir par la même occasion la fin de sa civilisation, celle de ces polynésiens, « Seigneurs de la mer » broyée par l’arrivée du monde moderne.

La figure attachante de Tavae, pleine de sagesse, foi et naïveté m’a immanquablement fait penser au vieux pêcheur d’Hemingway (« Le vieil homme et la mer »). Leurs histoires sont très voisines. Mais dans celle-ci, la réalité dépasse largement la fiction…
A la dérive 7 étoiles

"Le vent m'avait entraîné loin des terres, j'ignorais où m'emportait le courant, et j'eus soudain le sentiment vertigineux d'être entré sans y prendre garde dans le vide infini du monde."

Le 15 mars 2002, Tavae Raioaoa quitte Tahiti pour une journée de pêche. Les mahi-mahi n’ont qu’à bien se tenir ! Or cette journée durera 118 jours… Les conditions météo sont excellentes mais l’imprévu se produit, la panne de moteur, le petit bateau part à la dérive, Tavae Raioaoa ne dispose ni d’eau ni de nourriture. Une survie de 118 jours recueillie par Lionel Duroy qui nous conte cette aventure extraordinaire. Du haut de ses 56 ans, Tavae nous livre son expérience, mais aussi sa vision du monde et de la vie, sous les couleurs chatoyantes de la Polynésie. Un homme humble et triste, car aucun de ses fils ne veut prendre la relève. Avec son frère Ato, Tavae est le dernier pêcheur agréé de mahi-mahi de Faa'a. Un métier qui demande du courage, des efforts et beaucoup de passion, qui allie tradition et modernisme, qui oblige l’homme à communier avec l’océan, une connaissance des flots à laquelle Tavae doit la vie sauve. Il se laissera dériver jusqu’à l’île de Maiao, mais le sommeil le rattrape et au réveil, c’est encore la mer, toujours la mer, aucun lopin de terre. Tavae pense que des secours vont arriver, mais rien. La découverte d’un petit miroir caché dans le bateau le terrorise : après 80 jours, il a perdu 21 kilos, a pris 20 ans et ressemble à un zombie, il se fait peur.
C’est le 118e jour que Tavae sera retrouvé, à 1200 kilomètres de chez lui (!), dans l’atoll de Aitutaki. Ce témoignage est une belle leçon de courage.

Sahkti - Genève - 50 ans - 7 mars 2007