Le fils du lendemain
de Bernard Jean

critiqué par Sahkti, le 6 février 2007
(Genève - 50 ans)


La note:  étoiles
En quête d'un passé disparu
Livre que j'ai ouvert, puis refermé, puis repris quelques semaines plus tard. Le début m'avait laissée perplexe, je ne voulais pas entamer le récit de quelqu'un qui allait s'appesantir longuement sur son sort et se poser d'emblée en victime, parce que "fils du lendemain", homme dont le père officiel n'était pas le père biologique.
L'esprit plus réceptif, je me suis plongée dans cette histoire pour faire la connaissance d'un homme profondément meurtri dont la peine se mélange à la colère et la frustration. Sentiments bien légitimes quand on découvre son parcours de vie et les nombreux mensonges sur sa filiation.
S'agit-il d'un règlement de compte? Avec soi-même et/ou avec les autres? D'une quête identitaire qui ne peut aboutir qu'à travers l'affrontement? Affrontement avec un fantômes, des souvenirs et des vivants plus vraiment là. Il y a un peu de tout cela, beaucoup d'introspection et les nombreuses questions d'un homme qui se cherche. Sans compter que ce besoin de se connaître soi-même passe aussi, un peu, beaucoup, par une manière pas toujours heureuse de s'apitoyer sur soi et rejeter des responsabilités d'échec sur autrui.
Si je respecte la démarche et comprends la violence qui se dégage d'un tel parcours, je reste cependant plus mitigée sur le traitement. Ce livre ressemble à une longue lettre, bien plus faible que celle que Kafka a adressée à son père, emplie de reproches et de vases qui débordent. Sur la longueur, cela crée par moments un effet de répétition qui peut lasser. Le passée de cet homme m'a touchée mais je n'aime pas ce qu'il est devenu, quelqu'un dont les cris sentent un peu trop la vengeance à mon goût, à travers l'alibi de recherche de paternité. On ne se bat pas avec une tombe.