Salomé
de Oscar Wilde

critiqué par Mieke Maaike, le 30 janvier 2007
(Bruxelles - 51 ans)


La note:  étoiles
Drame en un acte
La scène biblique où, pour une danse, Salomé réclame la tête de Jean-Baptiste sur un plateau d’argent, a inspiré plus d’un artiste. Oscar Wilde en fait une pièce de théâtre dans laquelle, bien que conservant la trame principale, il se permet quelques libertés avec les personnages et le contexte.

Le style est plutôt déconcertant et tranche avec ses écrits habituels. Ici, point d’aphorisme, très peu d’humour, aucune logique décalée, mais une dimension poétique qui soutient le drame, mêlée à une sensualité particulièrement explosive : « Iokanaan ! Je suis amoureuse de ton corps. Ton corps est blanc comme le lis d’un pré que le faucheur n’a jamais fauché. Ton corps est blanc comme les neiges qui couchent sur les montagnes, comme les neiges qui couchent sur les montagnes de Judée, et descendent dans les vallées. Les roses du jardin de la reine d’Arabie ne sont pas aussi blanches que ton corps. Ni les roses du jardin de la reine d’Arabie, ni les pieds de l’aurore qui trépignent sur les feuilles, ni le sein nu de la lune quand elle couche sur le sein de la mer. Il n’y a rien au monde d’aussi blanc que ton corps. Laisse-moi toucher ton corps ! »

Comme toujours chez Wilde, il est difficile de dissocier son œuvre de sa vie. En 1891, il écrit Samolé directement en français pour son amie Sarah Bernhardt. Le texte est relu et corrigé par Pierre Louÿs, puis les répétitions débutent à Londres. Mais les autorités refusent que cette pièce aux connotations bibliques soit représentée. Révolté une fois de plus par le poids de la société victorienne, Wilde envisage de s’exiler en France, mais ne concrétisera pas ses plans. Quelques mois plus tard, durant sa relation orageuse avec son jeune amant Lord Alfred Douglas, il demande à ce dernier de traduire Salomé en anglais, non pas en raison de ses talents de traducteur, mais avant tout pour l’occuper tandis qu’il écrit d’autres pièces. En 1896, une représentation de la pièce a finalement lieu à Paris, alors que Wilde purge sa pièce de travaux forcés en Angleterre. Il mourra quelques années plus tard sans jamais l’avoir vue jouée.
drame...biblique. 8 étoiles

J'ai beaucoup aimé ce beau livre doté d'un texte poignant sur la difficulté d'aimer.
On comprend aisément que l'écrivain anglais pense en fait à Sarah Barnhardt lorsqu'il commence en français, les premières lignes de ce drame biblique à travers lequel il exprime ses propres difficultés amoureuses.
Pour la petite histoire, la pièce sera en musique par Strauss et jouée au Théâtre de l'Oeuvre en 1896, tandis que son auteur, Oscar Wilde, croupit dans une geôle pour "délit" d'homosexualité...
En un siècle, les moeurs et les mentalités ont bien changé !

Azilha - - 44 ans - 15 janvier 2009


Danse lunaire 10 étoiles

Des références constantes à la lune ! L'astre y est tel Salomé : inaccessible, il hante les personnages. Les envoûte mystérieusement. En mènera plus d'un a leur perte...

Une poésie magnifique. Noire. Baignée d'obscurité et de sang.

Salomé... La lune... Les vers de Wilde... Tout ici est visions nébuleuses, dansant sous nos yeux hypnotisés. Une oeuvre occulte.

Oubliez le dandy ! Ici vous avez le magicien noir, l'homme qui plonge au tréfonds des ténèbres pour en extirper les mystères et les beautés.

Ensorcelant. L'une des plus belle oeuvre d'Oscar Wilde !

Je colle 5 étoiles, ça en vaut bien 6.

Oburoni - Waltham Cross - 41 ans - 6 novembre 2008


l'opéra de Strauss 8 étoiles

N'oublions pas que le livret de l'opéra de Richard Strauss "Salomé" est la traduction allemande de la pièce d' Oscar Wilde.

c 'est une merveille, tant au plan musical que littéraire !

j'adore la scène où Salomé écoute les soldats qui sont partis décapiter St JB. 'ich höre nicht' (je n'entend rien) ... elle dit qu'on a dû envoyer des esclaves et qu'ils n'osent pas le tuer, ahhh ce sont des lâches !

la scène où elle baise la tête de St JB, et la mise en scène de l'opéra de Paris où elle passe la tête du prophète entre ses cuisses et sur ses seins !

Hérode choqué de cette indécence hurle 'man töte dieses Weib" (que l'on tue cette femme ) , les soldats se précipitent sur elle , noir, rideau.

Prince jean - PARIS - 50 ans - 30 mars 2007