La route sanglante du jardinier Blott
de Tom Sharpe

critiqué par Vda, le 5 janvier 2007
( - 48 ans)


La note:  étoiles
Survivre dans la campagne anglaise au coupe-coupe
Dans la présentation, Tom Sharpe comparé à Waugh et Wodehouse » dit travailler quant à lui au coupe-coupe. A la lecture de La route du jardinier Blott, on le croit volontiers. D’un point de départ simplissime et archétypal, Sharpe croque une peinture outrée et jubilatoire de l’Angleterre rurale, gentry et politique.

Sir Giles riche homme d’affaires enrichi par les expulsions et les démolitions de biens immeubles a épousé Lady Maud, vieille famille de la gentry, pour un poste de représentant à la chambre des Lords et un château. Sir Giles a des mœurs sexuelles … particulières. Et le mariage, au grand désarroi et à la grande rage de Lady Maud, n’a pas été consommé et donc pas produit les héritiers attendus par la dernière des Handyman. Comment échapper à ce mariage sans perdre le château, voilà le point de départ. Sir Giles a une idée, faire passer une autoroute dans le jardin de la propriété et toucher une confortable compensation financière, et le divorce, enfin. Quelques mots à l’oreille d’un fonctionnaire acquis à sa cause et la machine est lancée.

Le roman est constitué par la bataille livrée autour de ce projet d’autoroute. Et chacun y trouve sa caricature en cours de projet : le vieux juge fossilisé, Lady Maud représentant le pouvoir gentlemenfarmer bien encré dans son comté, le mari aux mœurs, hum, particulières, le fonctionnaire margoulin et magouilleur, le fonctionnaire tatillon dépêché/expulsé de Londres, le jardinier ancien prisonnier de guerre italien mais né en Allemagne, la maîtresse sans cervelle, les avocats de province, ils sont tous de la partie et chacun en prend pour son grade.
Aucun des personnages n’est aimable aucun n’est haissable. Tom Sharpe s’amuse à croquer et à stigmatiser les uns et des autres pour le plaisir, le sien et celui du lecteur.

A la page 100, on peut lire : « Dans le hall d’entrée, Lady Maud, radieuse dans sa robe de coton, restait tapie au milieu des fougères. Loin au-dessus de sa tête, le lustre de verre dépoli diffusait une lueur rougeâtre au-dessus de l’escalier de marbre et ravivait l’aspect apoplectique des visages rougeauds de ses ancètres qui, accrochés aux murs, regardaient ce qui se passait d’un air menaçant. Lady Maud tapota sa coiffure : elle était prête. Son plan était tout tracé. Monsieur Dundridge aurait droit à un traitement grâcieux, au moins au début. Après, elle verrait comment il réagirait. »
Pas trop d’accord avec la critique de Meisatsuki 7 étoiles

Ce roman truculent, très bien construit et particulièrement prenant, illustre de manière assez évidente l’esprit et le style britannique.

On est dans le loufoque, le burlesque et l’absurdité, voire dans la caricature mais l’auteur et le lecteur s’amusent de bout en bout au fil de cette histoire au titre à rallonge.

Alors, il y a mieux ? Sans doute, notamment parce que trouver une chute réussie est toujours un peu compliqué dans ce genre littéraire, mais compte tenu de mes attentes avant la lecture, je suis plus que satisfait.

Une invitation aux amateurs de ce style de roman.

Pacmann - Tamise - 59 ans - 31 août 2017


Pas très british 6 étoiles

Certes l'histoire est pleine de rebondissements plus inattendus les uns que les autres, mais je n'ai pas retrouvé l'humour anglais que j'affectionne. C'est à dire cette finesse et cette retenue guindée qui fait que les non-dits engendrent des quiproquos cocasses. Ici le style de l'auteur est "direct" et vulgaire, les personnages caricaturaux. On ne s'attache pas à eux. Pour ma part il ne m'a même pas arraché un sourire. J'avais, de loin préféré « Deux Garçons bien sous tous rapports » de William Corlett qui illustre très bien l'humour anglais.

MEISATSUKI - - 47 ans - 23 juin 2010