Un enfant de la forêt
de Roger Foulon

critiqué par Persée, le 31 juillet 2001
(La Louvière - 73 ans)


La note:  étoiles
Liberté chérie
Fin du XVIII ème. La botte du Hainaut. Un homme que la jalousie sans doute, mais les flux et reflux de l’histoire surtout, condamnent à l'errance du hors-la-loi.
Une époque troublée, durant laquelle la Belgique, alors autrichienne, résiste mal aux assauts des sans-culottes. La guerre, quoi. Avec ses occupants, ses résistants, ses collabos.
Un enfant de la forêt. Très vite, le lecteur tombe amoureux de la forêt et s’attache au destin de l'homme, après une scène d’amour sur lit de mousse et sous croisées d'ogive végétale (on pense à l’inoubliable étreinte en forêt du film « la Fille de Ryan »). Foulon atteint ici la pleine maîtrise de son art (de romancier, car le poète était passé maître depuis belle lurette). Voici le roman nomade d’un marcheur qui a du souffle. Une Ïuvre de haute futaie.
Ce qui fascine, c’est une fine observation des choses de la nature et une touchante réflexion sur la condition humaine. Un désir forcené de liberté, dans un monde où ceux qui prétendaient agir en son nom (Liberté, Egalité, Fraternité) faisaient plutôt figures d’oppresseurs. Et notre héros n’apprécie pas plus les oppresseurs que les bons pères de Thuin qui voulaient lui poser le licol et les Ïillères.
Un style limpide : l’utilisation de l'indicatif présent y est pour quelque chose. Il paraît que l'auteur écrit avec une plume Ballon, s'imposant de terminer sa phrase avant qu'il faille la retremper dans l'encre. D’où cette écriture, incisive mais léchée, ces phrases jamais mièvres qui ondulent en pleins et déliés.
Comme disaient les Français d'alors en parlant de notre tabac de contrebande : « C’est du bon, c’est du belge ! » Nomdidjû, pourquoi aller chercher si loin les best-sellers alors que les talents fleurissent chez nous comme les pissenlits dans ma pelouse ? Un peu de chauvinisme, que diable !