Titus errant
de Mervyn Peake

critiqué par Aliénor, le 17 décembre 2006
( - 56 ans)


La note:  étoiles
Se perdre... pour se trouver
Dans ce dernier volet de la trilogie de Mervyn PEAKE, nous retrouvons Titus, qui a quitté Gormenghast pour conquérir sa liberté.
Il le quitte à l’aveuglette, épris de nouveauté et de vérité, et se retrouve bientôt perdu, sans aucun point de repère. Il arrive dans un autre monde, une autre société, où l’ordre règne et où cet intrus, qui se décrète Lord de Gormenghast sans pouvoir le prouver, va vite agacer et déranger.
Au cours de ses pérégrinations, il va se faire un véritable ami, Musengroin, qui le suivra de loin dans toutes ses aventures ; car rien ne peut retenir Titus, pas même l’amour d’une femme, la belle et très désirée Junon. Car personne ne le croit, et il ne peut vivre auprès de gens qui mettent en doute l’existence de son domaine, qui le croient fou !
Ce long périple vers la liberté va lui prouver que l’on est toujours plus attaché à ses racines et à sa terre qu’on ne le croit. Et que l’on ne laisse pas impunément les siens derrière soi.
Comme le lui a dit sa mère lors de son départ : « tout mène à Gormenghast ».

Ce troisième volet est toujours aussi remarquablement écrit. La narration et le style sont impeccables, et l’histoire toujours aussi noire et prenante.
J’ai toutefois eu la nostalgie de la galerie de personnages des deux premiers volets, ce qui me fait penser que j’étais plus attachée à Gormenghast qu’à Titus lui-même.
La clef du château ? 10 étoiles

Titus a donc quitté le château de Gormenghast et acquis sa liberté. Ce dernier volume de la trilogie, nettement plus court que les deux premiers, nous raconte donc les errances de Titus qui est hanté par une question, « Gormenghast existe-t-il réellement ou est-ce le fruit de son imagination ? » Il se pose cette question car il semble que personne n’ait jamais entendu parler de Gormenghast et que tout le monde le prend pour un fou. Ce qu’il supporte difficilement

Au cours de son errance, il rencontrera un grand nombre de personnages tout aussi bizarres que les habitants de Gormenghast (dont l’extraordinaire Musengroin) et aux noms tout aussi étranges. Il se fera des amis fidèles, aura des amantes passionnées mais aussi des ennemis mortels. Ce troisième volume est nettement différent des deux premiers. Par la taille d’abord mais surtout par l’absence du décor et des personnages qui animaient les deux premiers volumes. Le style est toujours aussi grandiose et les personnages, tous nouveaux sauf Titus, tout aussi remarquable que les habitants du château. L’auteur nous dévoile ici quelqu’une des clefs nous permettant de décoder son univers (sans fermer la porte aux mystères de Gormenghast). Mais si j’ai apprécié ce volume, le château et ses habitants m’ont quand même manqué.

Titus errant constitue une fin splendide pour un trilogie romanesque que ses heureux lecteurs ne sont pas prêt d’oublier.

CptNemo - Paris - 50 ans - 4 juin 2009