Elise ou la vraie vie de Claire Etcherelli

Elise ou la vraie vie de Claire Etcherelli

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Sahkti, le 13 décembre 2006 (Genève, Inscrite le 17 avril 2004, 50 ans)
La note : 6 étoiles
Moyenne des notes : 6 étoiles (basée sur 3 avis)
Cote pondérée : 4 étoiles (50 523ème position).
Visites : 8 276  (depuis Novembre 2007)

Amour et racisme

Elise vit dans le bordelais avec son frère Lucien et sa grand-mère. Elle rêve de "la vraie vie", s'ennuie, étouffe au milieu d'un carcan provincial qui ne lui convient plus. Lucien fait un mariage malheureux, se dit perpétuellement fauché, Elise l'aide, Lucien est son modèle. Jusqu'au jour où Lucien part pour Paris; au diable ce mariage qui ne tient plus, une nouvelle vie commence. Elise est malheureuse, elle finit par le rejoindre pour découvrir la capitale et ce qu'elle pense être la vraie vie.
Commence le travail à l'usine, la rencontre avec une jeune ouvrier algérien Arezki, une belle histoire d'amour qui commence. C'est aussi le début d'une prise de conscience douloureuse, celle du racisme et des brimades permanentes dont sont victimes les ressortissants algériens (nous sommes en France en 1958). Les souffrances sont nombreuses, il n'y a pas de happy end.

Les histoires d'amour, ce n'est pas trop mon truc, j'avais peur que ça n'envahisse tout le livre au détriment du reste. Ce n'est pas le cas, au contraire. La relation qui se noue entre Elise et Arezki permet de mettre en avant le côté injuste et violent des remarques et des actes dont est victime le jeune homme, tout comme ses compatriotes.
Progressivement, l'amour qui se renforce par compassion se voit peu à peu tué pour d'autres raisons. Comme si il était impossible de tout concilier. A l'image du titre du livre "Elise OU la vraie vie". Doit-on abandonner son identité et sa personnalité au profit de ses rêves utopiques? Cette vraie vie à laquelle songe Elise lui correspond-elle vraiment? On peut se le demander. Certes, il y a la rencontre avec Arezki, mais celle-ci est synonyme de souffrances et de révolte. Drôle d'amour...

C'est le gros point positif de ce roman, cette mise en avant de toutes ces difficultés de vie. Auxquelles on ajoute tous les problèmes sociaux de racisme et d'intolérance.
Je déplore cependant l'aspect trop détaillé, presque pesant de certaines descriptions. Sans doute l'auteur voulait-elle nous permettre de plonger complètement dans l'ambiance du travail à la chaîne de l'usine, dans la violence du racisme, dans la peau d'une jeune immigré dans Paris à l'aube des années 60... d'autant plus que Claire Etcherelli connaît bien ces domaines, l'usine, l'Algérie... sans doute s'est-elle trop impliquée elle-même dans ce roman en se fondant dans le personnage d'Elise qui n'est plus vraiment fictif.
Ça n'a pas été un coup de coeur, une découverte certes intéressante avec des émotions liées au racisme et l'intolérance (mais ce sont des sujets qui ne peuvent, ne doivent qu'appeler ce genre d'émotions de toutes façons), mais l'aspect fictionnel et romanesque atténue quelque peu l'impact du propos.

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Les éditions

  • Élise ou la Vraie vie [Texte imprimé] Claire Etcherelli
    de Etcherelli, Claire
    Gallimard / Collection Folio
    ISBN : 9782070369393 ; 7,50 € ; 05/01/1973 ; 275 p. ; Poche
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La Grande Aventure

5 étoiles

Critique de PetitRayonDeSoleil (, Inscrite le 26 février 2016, 25 ans) - 26 février 2016

"Elise ou la vraie vie" raconte l'histoire d'une jeune femme vivant avec son frère et sa grand-mère vers la fin des années 50. Le livre est séparé en deux parties. La première, courte est cependant longue à lire tant il y a de descriptions. L'histoire n'avance pas beaucoup et on n'en apprend que sur le frère du personnage principal. J'ai trouvé la seconde partie intéressante et plus riche en évènements. La vraie vie commence pour Elise. Elle part vivre à Paris avec Lucien, son frère. C'est un livre difficile à lire à cause de son ton sombre et tragique, bien qu'il parle de sujets peu joyeux comme l'adaptation des migrants ou le racisme, ce roman serait plus agréable avec une touche humour

SOUVERAINS PONCIFS

6 étoiles

Critique de Hexagone (, Inscrit le 22 juillet 2006, 53 ans) - 14 janvier 2007

Elise ou la vraie vie,
La distinction évoquée dans le titre ne semble laisser aucune autre alternative, c'est l'un ou l'autre.
Durant le récit transparaît cette dichotomie entre les êtres, les choses.
Jeune fille de province, Elise, passe son temps dans une existence monotone. Entre sa grand mère et son frère, et rêve de la vraie vie.
Son frère, idéaliste, prend le chemin de la ville, la grande babylone, Paris.
Elise le suivra et fera ses premiers pas dans la vraie vie. Dormant en foyer, travaillant à l'usine.
Alors s'ouvre un monde dont elle ignorait toutes les dimensions.
Le combat politico-social sur fond de guerre d'Algérie.
Son frère mène le combat syndical au coeur de l'usine, et Elise découvre les rouages de l'usine, ses codes, ses moeurs.
Et comble du destin elle s'éprend d'un travailleur immigré, algérien.
Des mots doux à l'insu des autres travailleurs, qui voient d'un mauvaise oeil cette relation.
Des rencontres quasi clandestines en ville, en des lieux de rendez-vous qui changent sans cesse, c'est une vraie vie de paria qui commence.
Roman social, en partie biographique, l'auteur aurait travaillé en usine, le récit est basé sur des dualités.
Le racisme illustré par les relations conflictuelles entres les algériens et les français, l’aliénation par le travail à la chaîne, nouvel esclavage d'une classe social défavorisée.
La relation amoureuse sublimée par la personnalité d'Elise, par rapport à ses collègues qui se maquillent outrageusement et sont représentées de manière assez vulgaire.
C'est là que le bât blesse, le récit est truffé de poncifs.
Les ouvriers sont dépeints comme racistes et limités, le travail est une aliénation et les syndicalistes sont représentés comme les briseurs de chaînes.
Les algériens sont les opprimés d'une police toujours violente et menaçante.
Brefs un récit qui prend parti et qui reflète l'état d'esprit des porteurs de valises.
Néanmoins le talent de l'auteur est d'avoir réussi à élaborer une structure habile de son récit.
Comme les parallèles entre l'usine qui aliène, par ses rituels, la vie des hommes, la sonnerie qui rythme les journées de travail, et les sifflets des policiers qui rythment les rafles.
Les cycles de travail harassants et le sommeil qui apaise, par l'oubli, le corps,
On est sans aucun doute au coeur d'une époque, 1958, qui nous révèle que notre quotidien a bien changé, que les rapports humains sont toujours les mêmes, mais c'est la vision et le traitement de ces rapports qui ont changé.

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