Histoire d'O, suivi de Retour à Roissy
de Pauline Réage

critiqué par Patate, le 26 juillet 2001
(Paris - 46 ans)


La note:  étoiles
La soumise vous raconte sa vie
Pour les amateurs de cette littérature érotique, Histoire d'O demeure bien sûr l'un des romans les plus marquants. Sûrement parce qu'il traitait, des décennies avant que le SM soit à la mode, de relations de maître à soumise.
Et puis, l'auteur était une femme, rendez vous compte!
Et en effet, le lecteur n'est pas trompé sur la marchandise: les personnages vont jusqu'au bout de leur "mal", rien n'est oublié: sexe forcé, sexe à plusieurs, exhibitionnisme, mutilations, etc... Il y a des sentiments aussi: ceux d'O pour Sir Stephen, son maître.
Mais je suis restée bien sur ma faim: les motivations de chacun, les sentiments complexes,... tout est survolé vitesse grand V. Finalement tous ces coups de fouet laissent bien indifférent...
Ca mérite au moins la cravache ! 7 étoiles

Dieu, comment la petite Anne (Desclos) première fille admise à Khâgne à Condorcet a-t-elle été amenée à écrire ce livre en 1954 ? L’histoire rapporte que c’est pour montrer à son amant que les femmes étaient capables d’écrire des romans érotiques, peut-être ! Mais au-delà des motifs personnels, il fallait qu’elle ait un sens très affiné des sensations érotiques et une sensibilité affective exacerbée pour mener à bien son entreprise. Son histoire, au début, est d’un érotisme brûlant. La scène la plus érotique du livre est certainement celle qui se déroule dans la voiture lorsque son amant lui demande de retirer, un à un, ses sous-vêtements et qu’elle décrit les sensations qu’elle ressent. Ensuite, plus le roman avance plus la pornographie et la violence gratuite prennent le pas sur l’érotisme et le raffinement à tel point que notre brave Anne, Pauline pour la circonstance, ne trouve pas de fin pour son roman et nous laisse carrément sur une scène burlesque et totalement baroque qui n’apporte rien au livre et laisse présager du manque d’imagination pour sortir de la mécanique implacable qu’elle à mise en action.
Certains ont vu dans ce livre un acte d’amour, moi, je ne suis pas convaincu. Dans sa préface Jean Paulhan évoque la soumission volontaire de certains esclaves à leur maître, ça me semble plus réaliste. Dans tous les cas, le livre montre que ce cheminement est impossible car il implique une surenchère permanente qui n’a plus rien à voir avec l’amour ni avec le raffinement sexuel qui peut entrer dans certains jeux érotiques. Pour moi ce n’est ni un roman d’amour, ni un roman érotique c’est seulement une belle histoire qui commence bien et qui reste inachevée parce que l’auteur était en panne d’imagination et avait grillé trop d’arguments au début du récit pour trouver une fin digne de son ambition.

Débézed - Besançon - 76 ans - 20 mars 2008


l'amour absolutiste... 10 étoiles

Classique de chez les classique, ce livre est un vrai bijou (intime) dans sa catégorie... Plus que la descente aux enfers à proprement parler, ce qui m'a surtout profondément touché est la description de la force incroyable, incommensurable, presque infinie, et de ce fait totalement absurde, de l'Amour de cette femme pour son bourreau, cet Amour qui la pousse à toutes les extrémités, à tous les supplices, à toutes les humiliations... "Breaking the waves", de Von trier, surfait un peu sur le même thème de la femme prête à tout par amour.
Le style -on aime ou on n'aime pas - est d'une qualité remarquable (à l'instar des ouvrages du Marquis) et d'une grande maîtrise...

Araknyl - Fontenay sous Bois - 54 ans - 26 décembre 2007


Dans ce genre c'est LE - et vraiment LE - classique absolu ! 10 étoiles

Comment ? Koah ! personne n'a encore critiqué le plus célèbre roman érotique de tous les temps ?
Que voilà une omission que je me devais de réparer. Qui ne connait l'histoire de O, jeune femme réduite à l'esclavage par son sadique compagnon, cette O sensuelle qui tremble de peur et de plaisirs devant les supplices chaques jours plus cruels qui lui sont infligés.
Battue, violée, enchainée, fouettée, marquée au fer rouge et transpercée par des anneaux qui lui ouvrent ses lèvres les plus intimes, O en demande toujours plus pour les beaux yeux de son homme ! Style impeccable, grande qualité littéraire, imagination des scènes sado-maso les plus crues servies par une écriture limpide qui détaille avec une rare délicatesse les plus violentes "perversion".
l'Histoire d'O est LE classique de la littérature érotique, celui que chacun se doit de lire pour pouvoir parler cul de manière plus cul...tivée qu'en s'extasiant sur les performances de Rocco le samedi sur Canal. Indispenssable et très excitant !

Elric - Boussu - 49 ans - 1 octobre 2001