Morituri
de Yasmina Khadra

critiqué par Pegase, le 25 juillet 2001
(Laval - 65 ans)


La note:  étoiles
Alger ou le désenchantement
"Alger est un malaise, on y crève le rêve comme un abcès"; Llob est commissaire de police à Alger... enfin il essaie.
Avant, il était le bon flic de quartier, apprécié et estimé.
Depuis les derniers évènements, comme tous ses collègues intègres, il est un homme à abattre. Celui qui passe un bon quart d'heure à faire le guet à sa fenêtre avant de sortir, celui qui se demande s'il sera vivant ce soir mais aussi celui qui veut encore y croire.
Aujourd’hui, convoqué par son patron, il hérite d'une affaire qui sent le soufre. La fille d'un gros magnat de la ville a disparu. Fugue, enlèvement ? Toutes les pistes sont ouvertes.
Accompagné de son fidèle lieutenant, Llob va mettre les pieds où il ne faut pas. Les murs vont se dresser devant lui les uns après les autres. On va tenter de le faire taire. les "accidents" se succèdent autour de lui. Mais il ira jusqu'au bout car il aime son pays, la justice et se refuse à baisser les bras devant l'intégrisme et la corruption.
"Il y a 3 instances censées juger les hommes, la conscience, la justice et Dieu. Il arrive aux 2 premières de faillir, pas à la troisième..." Yasmina Khadra (c'est un nom d'emprunt) est née en Algérie qu'elle n'a pas quittée depuis plus d'une décennie. En 1989, elle opte pour l'anonymat pour échapper à la censure. C'est sa façon de ne pas baisser les bras. Ses romans policiers pour la plupart décrivent une Algérie plus noire que noire où règnent intégrisme, corruption et mafia.
On sort de ce livre assommé et un peu désemparé. Que peut-on faire ?
Spirale sanglante 7 étoiles

Yasmina KHADRA nous fait entre dans son roman dans la spirale sanglante des combats, attentats et assassinats qui ont fait de l'Algérie un quais pays en guerre, fut-ce-telle civile.
On suit un flic qui se bat contre la corruption, la violence, le crime au risque de sa vie et de celle de ses proches.
C'est violent et terrible et ce livre nous entraîne dans une terrible spirale sanglante mais avec une écriture vive et ciselée.

Vinmont - - 49 ans - 25 février 2020


Policier politique 7 étoiles

Dans la continuité de l’excellent « La part du Mort », Y.K. nous livre une nouvelle enquête de l’incorruptible commissaire Llob.

Au travers une histoire placée dans le contexte algérien de la fin du vingtième siècle où personne ne sait plus qui manipule qui, l’auteur utilise un style truculent et un vocabulaire adaptés au genre.

Même si le scénario est moins fouillé que « La part du Mort », j’applaudis ce très bon court roman fleuri de bons mots et qui tient le lecteur en haleine sans aucun temps mort.

Pacmann - Tamise - 59 ans - 3 janvier 2014


Métaphores à gogo 7 étoiles

Yasmina Khadra est présenté ici comme étant une femme écrivant des polars... Heureusement dès la première phrase, on se retrouve très vite dans le style de ses oeuvres plus connues, abondantes de métaphores d'une fluidité et d'une sensibilité extrême. Quel bonheur de lire un écrivain qui manie la langue avec tant de perfection mais sans chichi ; le vocabulaire employé n'est pas des plus poétiques, loin de là, on emploie un peu des mots inusités ou empruntés à l'argot.

Ce livre est vraiment un délice par sa forme, mais on se laisse du coup trop attendrir par celle-ci, et on fait abstraction de l'histoire somme-toute banale qu'elle est censée nous livrer. Une histoire très vite oubliée, un auteur par contre toujours à garder dans un coin de l'esprit, pour d'autres heures de lecture agréables.

Elya - Savoie - 34 ans - 28 février 2012


Algérie : l'urgence de dire 6 étoiles

« Qui pourrait croire, sans en être averti, que « Morituri » a été écrit par une femme ? Qui pourrait, en effet, déceler une femme derrière cette écriture sans appel, misogyne jusqu’à la veulerie et ne se ménageant pas même un seul petit personnage féminin positif ? Le mâle le plus irréductible ne l’oserait plus de nos jours ! Il aurait trouvé la place, si ce n’est d’une mère, au moins d’une soeur, jolie à exhiber ou plus intelligente, elle, que les autres qui sont toutes … on le sait bien ».
C’est dans la préface, écrite en 1997, et du plus haut comique maintenant puisque l’on sait que le pseudo Yasmina Khadra, constitué de deux des prénoms de sa femme, est celui de Mohamed Moulessehoul, commandant dans l’armée algérienne à l’époque !
Morituri est un polar, noir, en immersion complète dans la réalité algérienne de l’époque, pour autant qu’il y ait eu quelque chose de réel (je veux dire quelque chose à quoi se raccrocher) à l’époque. Noir, noir.
Le commissaire Brahim Llob, le héros, est devenu l’homme à abattre, disons celui à ne plus fréquenter, dans son quartier, du fait de son statut de policier. Y. Khadra nous raconte la hantise du matin, au moment de partir. Vérifier que rien de suspect n’apparait dans la rue. La hantise au moment de tourner la clef de contact. La suspicion toujours et partout …
Mais surtout le commissaire Llob a hérité d’un bâton m…, en la matière d’une enquête minée en terrain miné dans un milieu où le terme de mafia arriviste politico-économique parait encore léger !
C’est réaliste, parfois violent, désespéré quasiment toujours. Ca éclaire sûrement sur une réalité algérienne sur laquelle on ferait bien semblant de ne pas voir ce qui s’y (est ?) déroule. Les personnages sont bien campés et crédibles.
Mais je ne sais pas, il m’a manqué un truc pour adhérer complètement. D’où les 3*, seulement, si je puis dire.

Tistou - - 67 ans - 13 septembre 2005