Lefranc, tome 17 : Le maître de l'atome
de Michel Jacquemart (Scénario), Erwin Drèze (Dessin), André Taymans (Dessin)

critiqué par Shelton, le 23 octobre 2006
(Chalon-sur-Saône - 67 ans)


La note:  étoiles
Quand les classiques tentent de survivre...
C’est en 1952, dans le numéro du 21 mai 1952, très exactement, de la revue Tintin, que Jacques Martin créait le personnage de Guy Lefranc, journaliste à l’Eclair. La grande menace, puisque tel était le titre ce premier épisode, va remporter un grand succès. Plein de rebondissements, dans un style réaliste proche des aventures de Blake et Mortimer, la série s’impose très rapidement comme une incontournable du journal Tintin… Mais, Jacques Martin ne pouvait pas imaginer que Hergé, lui-même, ferait appel à lui pour travailler sur l’Affaire Tournesol. Certaines ébauches d’album vont rester ainsi oubliées durant plus de cinquante ans… jusqu’au jour où la fille de Martin les retrouve et où une équipe d’anciens lecteurs de la Grande menace décident de reprendre cet album et de nous l’offrir… Ainsi naissait Le maître de l’atome…
Les aventures de Guy Lefranc survivront donc à son créateur, quoi qu’il arrive puisque, dorénavant, deux équipes travaillent au prolongement de la création de Jacques Martin : Francis Carin dessine le Lefranc d’aujourd’hui, Taymans et Drèze celui d’hier… Mais soyons clairs, ce n’est pas pour autant que les albums seront extraordinaires… Il faudra les prendre les uns après les autres et mesurer le travail fait. Le dernier album de Francis Carin, Ultimatum, était trop marqué par le style du dessinateur et on pouvait y voir des personnages directement sortis de la série Victor Sackville… Le résultat était légèrement décevant…
Cette fois-ci, c’est un peu différent. En effet, les deux dessinateurs ont commencé par tenter de faire du Martin (mais c’est réservé à Martin, le maître !) et, progressivement, ils se sont mis à faire du Taymèze ou du Drèzmans…
Alors, ne rêvons pas pour autant ! Nous sommes dans une narration graphique très classique, celle de Martin que certains détestent, celle que d’autres adorent… Moi, elle me rappelle ma jeunesse puisque La grande menace est un de mes premiers albums… Oui, c’était l’édition de 1966… Déjà quatorze ans après sa sortie…
Cet album, Le maître de l’atome, est bien construit, le scénario est très classique et permet de voir que les repreneurs ont bien compris le jeu : les lecteurs d’autrefois doivent se remettre à rêver, Guy Lefranc est de retour… Le vrai méchant est bien là, aussi méchant que dans ces temps anciens, Axel Borg dans toute sa laideur et folie, et qui survit, une fois encore, au désastre total et à la mort : « Nous nous retrouverons, messieurs ! Je n’en ai pas encore fini avec la France ! ».
Je dirais que pour les inconditionnels de la série c’est un épisode incontournable, pour les nostalgique de La grande menace, c’est à lire, pour ceux qui aiment toujours les bédés classiques à souhait, c’est à posséder dans sa bibliothèque, pour les amis d’André Taymans, ça permettra d’attendre le prochain Caroline Baldwin, pour les historiens de l’école Martin (mais existe-t-elle ? Hergé et Jacobs furent des références, Martin un de leurs élèves…), ce sera à étudier de près…
Pour moi qui appartiens à certaines de ces catégories, je vous avouerai que j’ai pris du plaisir à lire l’album mais que j’espère que, pour le prochain, André Taymans et Erwin Drèze, courageusement et librement, s’affranchiront définitivement des règles Martin pour donner une nouvelle vie à Guy Lefranc et trouver un nouveau lectorat… Ils ont commencé le chemin, mais il reste encore quelques pièges à déjouer… Je leur souhaite bon courage et je leur accorde une note, légèrement surestimée par amitié pour les auteurs et nostalgie pour mes lectures d’enfance…
Scénario indigent 4 étoiles

Après une relecture de cette album, présenté souvent comme le renouveau de la série Lefranc, force est de constater deux choses, d'une part que je ne me souvenais absolument pas de l'histoire, ce qui n'est jamais une très bonne chose en soi, d'autre part que, décidément, le scénario est le parent pauvre de la bande dessinée d'aujourd'hui.

Le point positif d'abord: les dessins sont tout à fait satisfaisants, avec des détails bien traités, et des décors tout à fait à la hauteur d'un album "ligne claire" tel que pouvait en élaborer Jacques Martin.

Malheureusement, le scénario lui est misérable...une sombre histoire d'espionnage, la présence obligatoire d'Axel Borg (le colonel Olrik de la série), une menace sur les intérêts français, une jolie dame qui se révèle assez... piquante. Bref, des ingrédients connus, mélangés sans trop d'imagination, des enchaînements assez laborieux... l'histoire n'est pas trop bien amenée ni ne retient l'attention.

Vince92 - Zürich - 46 ans - 8 mars 2014


un classique 7 étoiles

Les aventures de Lefranc me rappellent le temps lointain où j'empruntais les "Alix" et autres histoires de Jacques Martin à la bibliothèque (c'était la bd politiquement correcte, cetirus paribus) Je me suis, depuis, éloigné de l'oeuvre de Jacques Martin, mais là, au détour de deux sorties éditoriales, j'ai repris goût aux aventures de ce journaliste vraiment hors du commun. Passionné de bande dessinée, j'ai succombé à la tentation de l'achat du vrai-faux fac similé de "l'ouragan de feu", je dis vrai-faux car le quatrième de couverture cite comme deuxième aventure de Lefranc, "le maître de l'atome", alors parfaitement inconnu dans les années 50. Si le choix éditorial de placer "Le maître de l'atome" entre "La grande menace" et "L'ouragan de feu" est parfaitement judicieux, je trouve dommage, en tant que collectionneur, d'inscrire ce présent opus dans le quatrième de couverture du fac-similé de "L'ouragan de feu". Au passage, je me demande pourquoi les éditions Casterman n'ont pas commencé leur réédition par "La grand menace". Malgré quelques fautes d'orthographe (ou d'étourderie), j'ai trouvé un énorme plaisir à lire ce nouvel album. Les auteurs, tant au niveau du scénario, que du dessin, ont su admirablement conserver cette atmosphère surannée des années 50, où les conférences de Genève supplantaient nos actuels G5,G6, voire décision de l'ONU. En lisant cette reprise formidable de cette série, je ne peux que songer à Edgar Jacobs et à Hergé, tant les références y sont nombreuses ("Le secret de l'espadon", "L'affaire Tournesol"). Cette reprise fort réussie des aventures de Lefranc m'a donné envie de me replonger vers la saga originale de Jacques Martin.

Hervé28 - Chartres - 54 ans - 10 septembre 2011


Moyen 6 étoiles

C'est aussi avec beaucoup de plaisir que j'ai retrouvé Lefranc avec un nouvel épisode.

Par contre, à la lecture, j'ai eu une certaine déception. Outre l'une ou l'autre phrase massacrée dans les bulles, il y a également un nombre plus que certain de fautes. Mais bon, on ne les lit pas pour la perfection de la langue.

ce qui est plus important c'est que j'y ai vu l'utilisation de ficelles un peu grosses et d'énormes "deus ex machina"

Il m'est aussi arrivé de ne pas "imprimer" correctement certains dessins qui ne me semblaient pas des plus clairs.

Bref, je dirais "pour les inconditionnels"...

Jules - Bruxelles - 79 ans - 11 novembre 2006