Bonne nuit, doux prince
de Pierre Charras

critiqué par Aaro-Benjamin G., le 16 octobre 2006
(Montréal - 54 ans)


La note:  étoiles
Il n’est jamais trop tard.
On pourrait penser que Charras aborde cet hommage au père disparu de reculons, « …et mes retards sont à mettre parmi les millions de choses qui, chez moi, l’exaspéraient. » D’autant plus que certaines scènes ne sont pas nécessairement flatteuses : un dépucelage dans les bras d’une prostituée – un élan de colère violent – et un aparté sans liaison apparente pour présenter un mouton noir du village natal.

Rapidement, il est clair que la relation entre ce père et son fils n’en est pas une marquée par la tendresse et la connivence. Le désordre anecdotique révèle peu sur la nature de leurs rapports affectifs et ce n’est que dans les dernières pages que les vérités percutantes font surface. C’est en regardant la mort en face que le narrateur réalise soudainement ce qu’il a perdu.

Si ce père n’a rien d’un héros de roman, il est ce qu’il est. Avec une écriture épurée, l’auteur trace un portrait intime, empreint de nostalgie, de celui dont il veut préserver le souvenir malgré tout. « …cette histoire s’est déroulée au siècle dernier et je parle encore de toi. »

Un petit bouquin touchant et d’une belle simplicité tout en étant grand en subtilité.
Eternels regrets 7 étoiles

La confession hommage d'un fils, inconsolable de ne pas avoir su trouver à temps les mots pour dire à son père tout l'amour qu'il éprouvait pour lui. Sans doute aussi, parce que ce dernier, à la fois fier et complexé par la réussite de son fils, s'épanchait bien peu.
Ce fils a même failli ne jamais voir le jour puisque, l'accouchement se présentant mal, son père avait, au moins en pensée, choisi «la mère» : «Je ne te connaissais pas, tu comprends, me murmurait mon père, tout près, comme pour s'excuser».
Un message bouleversant à saisir avant qu'il ne soit trop tard.

Isis - Chaville - 79 ans - 25 novembre 2010


Un fils à son père 6 étoiles

C’est une confession, c’est une lettre d’Amour, c’est un message pour l’au-delà, celui d’un fils à son père.

Classique du non dit, des occasions ratées, de ce temps qui passe, qu’on croit maîtriser et qui vous rattrape pour mieux vous dépasser et vous amène à conclure qu’il est trop tard.
Classique de ces histoires, de ces souvenirs qui sont des petits riens quand on les vit et qui fondent le souvenir quand il ne reste qu’eux, auxquels on se raccroche comme à des moments essentiels si vite passés et inoubliables.

Bien écrit, simple et puissant, Bonne nuit, doux prince est le message d’un homme à son père, d’un Homme à tous les autres : dites ce que vous avez à dire avant qu’il ne soit trop tard, ne laissez pas s’échapper ces moments d’amour, retenez-les pour vivre… simplement.

Monito - - 51 ans - 31 mars 2009


Un hommage tendre... 9 étoiles

Un fils part à la recherche de celui qui lui a donné la vie, en retrouvant le fil de ses souvenirs... Il réussi à se mettre dans la peau, dans les pensées de ce jeune homme qu'il n'a pas pu connaître, puis il regarde ce père, étranger, silencieux, auquel il n'a pas su parler. Ce roman (récit ?!) est plein de charme. J'aime ce titre, d'une douceur infinie, et ces souvenirs délicatement distillés. Je suis, malgré tout, restée un peu en retrait de cette lecture, comme mue par l'impression étrange de déranger, de devenir indiscrète, par trop de voyeurisme. A vous de voir ! Ce livre reste un joli moment de lecture.

AntigoneCH - La Roche sur Yon - 51 ans - 30 novembre 2007


Lettre au père disparu 5 étoiles

Peut-être est-ce parce que mes rapports avec mon père ont été de même nature que ce roman ne m'a pas touchée autant que je l'aurais cru. Pas de connivence, peu de mots échangés, un homme taciturne dont on ne sait dire s'il est heureux ou pas... s'il vous aime ou pas.
Bref un père pour lequel il est difficile d'éprouver des sentiments forts.
J'ai lu ce court roman sans déplaisir car il est bien écrit, mais sans ressentir d'émotion particulière. Peut-être parce que c'est une histoire très personnelle (trop personnelle). Peut-être parce que je n'ai pas fait le même travail que l'auteur sur moi-même.

Aliénor - - 56 ans - 24 janvier 2007