L'étrangère
de Malika Oufkir

critiqué par Pascale Ew., le 8 octobre 2006
( - 56 ans)


La note:  étoiles
Et si vous remontiez tout d'un coup le temps pour vous retrouvez 20 ans plus tard...
Ce livre est la suite des révélations bouleversantes de Malika Oufkir livrées dans "La prisonnière" où cette fille du général marocain qui perpétra un coup d'état contre le roi Hassan II du Maroc en 1972 relatait sa détention avec sa famille pendant près de 20 ans.
Dans cette suite, Malika raconte sa réadaptation à la vie de tous les jours, en quelque sorte, sa renaissance, ainsi que les répercussions qu'a eues la parution de son premier livre sur sa vie.
Le début répète un peu trop ce qu'elle avait déjà écrit dans « La prisonnière », mais le reste vous prend vraiment aux tripes. Les réactions de Malika et ses conclusions sur le monde qui nous entoure font réfléchir.
Elle nous partage son vécu de manière simple, sans fioritures ni détours, ni sensiblerie exagérée. Elle ne se complait pas dans le pathos et les plaintes. Au contraire, elle dit elle-même : « Je suis vide, hébétée, déserte. Mon cœur d’avoir été tellement meurtri ne ressent plus rien.(…) Parfois (…), je doutais même de pouvoir aimer encore. » Et plus loin : « Quand comprendra-t-on que je ne participe pas à un marathon de la souffrance ? »
Je trouve son ton très juste et je comprends qu’elle doive se protéger. Plus loin, je trouve même qu’elle se livre toute entière lorsqu’elle parle de ses premières expériences amoureuses, avec pudeur mais franchise. Chapeau bas d'avoir osé l’écrire aux yeux de tout le monde !
Je la rejoins lorsqu’elle parle de ses démarches et de ses contacts à l’extérieur, parce que je vis comme elle en dehors de mon pays et que beaucoup de démarches me demandent une bonne dose d’énergie pour sortir de ma coquille et me font me sentir en situation de faiblesse et d’incompréhension de la part des autres. Ce qui peut paraître évident pour les natifs du pays où je vis actuellement et qui est une découverte pour moi donne lieu à des regards ou des réflexions désagréables qui me font parfois lourdement sentir qu’on me prend pour une idiote.
On ne peut s’empêcher de rire aux éclats lorsqu’elle détaille certaines expériences qu’elle a faites face aux nouvelles technologies par exemple.
Ce livre est extrêmement touchant.