L'église des pas perdus
de Rosamund Haden

critiqué par Sahkti, le 25 septembre 2006
(Genève - 50 ans)


La note:  étoiles
Longue fresque sud-africaine
En Afrique du sud, il y a eu la domination, l'occupation des terres, la domination des fermiers blancs, l'apartheid, l'émancipation des noirs, des retours difficiles... il y a eu tout cela et bien d'autres choses encore. Il ne suffit pas de crier le mot liberté pour que celui-ci rime avec sécurité. C'est ce qu'illustre le début de ce roman de la romancière sud-africaine Rosamund Haden, lorsqu'une femme blanche sort devant chez elle pour observer un étrange phénomène (la présence d'ossements humains devant une église) et est aussitôt suivie par une femme noire, plus par besoin de protéger la première que par simple curiosité. C'est que le temps sont durs et les opprimés d'hier sont parfois les vengeurs de demain.
Cathie King est la fille des anciens propriétaires de la ferme, Maria Dlamini est la fille de leur cuisinière; les deux femmes ont été élevées ensembles, à travers une amitié qui a toujours fait fi des préjugés et situations racistes. La découverte d'ossements humains est le symbole d'un passé qui resurgit, d'un abscès à vider, de fantômes toujours bien présents. Cathie et Maria se livrent tour à tour à la confidence, à l'évocation d'un passé tu trop longtemps. En mêlant passé et présent dans la narration, Rosamund Haden rend son texte très vivant et permet au lecteur de se forger au fur et à mesure une image de la réalité qui fut celle de tout un pays. Il y a beaucoup de gravité, de l'humour aussi, pas mal d'espoir et c'est cela qui emporte tout sur son passage, aidant parfois à mieux accepter certaines longueurs ou recours facile au pathos.
C'est une vaste fresque, le récit de longues années, l'épopée de plusieurs destins qui s'étalent sur plus de trois cents pages écrites avec élégance et densité.
J'ai par moments éprouvé le besoin de respirer un peu, de faire une pause, histoire de mieux assimiler tous ces détails et toutes ces vies. Mais juste un peu, jamais très longtemps, parce qu'on se laisse facilement prendre par le récit et la plume de Rosamund Haden. Une découverte intéressante, peut-être pas inoubliable en ce qui me concerne, mais plaisante.
Un roman touchant 8 étoiles

En partant de la découverte d’ossements humains en 1990, Rosamund Haden remonte dans le passé et nous emmène dans une très belle histoire d’amitié entre deux fillettes, une noire et une blanche, alors que l’appartheid est plus que jamais en vigueur en Afrique du Sud, amitié qui jamais ne faiblira malgré les années. Histoire d’amour aussi entre Katie et Tom, amour passionné malgré la femme de Tom, Isobel, amour silencieux et désespéré d’Hendrik, jeune Afrikaner éperdument amoureux de Katie qui veillera secrètement sur elle et la protègera, amour filial de Katie pour son père, qu’elle a toujours aimé malgré les blessures qu’il a infligé à sa famille, ou amour paternel d’un homme qui a si mal aimé ses proches.

Ce roman nous plonge dans une Afrique du Sud encore gangrenée par la ségrégation, mixe les époques sans jamais perdre le lecteur. Tout au long de ce très beau récit, le lecteur n’oublie jamais les ossement découverts dans les premières pages, qui augurent un événement douloureux, une plaie qui s’ouvrira, quand Katie découvrira enfin qui est Tom, qui est Isobel et surtout qui était son père.

Amanda m - - 57 ans - 10 janvier 2008