Le retour du broussard
de Arthur Upfield

critiqué par Mae West, le 25 septembre 2006
(Grenoble - 73 ans)


La note:  étoiles
Les enfants d'abord !
Tout le monde aime Linda : les ouvriers de l’exploitation agricole où elle vit avec sa mère, maîtresse de maison et cuisinière, et les bushmen de la tribu d’à côté, qui travaillent occasionnellement pour le propriétaire du domaine, Mr Wooton. Ce matin-là, après avoir fait ses devoirs et appris sa leçon, Linda joue dans sa petite cabane de jardin. Du haut de ses sept ans, elle fait l’école aux 4 poupées que son ami Charlie a sculptées pour elle.

Soudain un vieil orignal nommé « Vieux Lamy Lorky », un aborigène voisin, qui a inspiré une un des figurines des poupées, fait irruption dans la cabane et enlève Linda. Les hommes, qui reviennent de la ville, constatent que juste avant cet enlèvement, la mère de la fillette avait été assassinée. Celui qui a enlevé l’enfant, est-il l’auteur du meurtre ? Sans doute : Sinon, pourquoi l’aurait-il enlevée ?
Les bushmen, tout d’abord coopératifs pour aider la police à retrouver coûte que coûte le criminel présumé, se désintéressent rapidement de la poursuite. Pour le commissaire chargé de l’enquête, cela semble prouver au moins une chose : même si le suspect Lorky a assassiné la mère de Linda, il ne fera aucun mal à la fillette. Car comme dit Sara, la géante qui n’hésite pas tabasser des hommes voire à les laisser pour morts au cours de bagarres tribales homériques :
« Notre race aborigène, plus que toute autre race humaine, aime les enfants »

L’enquête est menée par le commissaire Napoléon Bonaparte, de la police de Queensland, qui est le fils métissé d’un colon blanc et d’une aborigène, exclue de sa tribu pour avoir violé la loi tribale. Sa connaissance du bush et des mœurs de ses habitants, alliée à sa méthode intuitive de pisteur « broussard » lui permettra, aidé par le bushman Charlie et sa bien aimée Meena, à retrouver Linda et son ravisseur et à faire toute la lumière sur cette affaire.

A l'intrigue se mêlent des visions fugaces et magnifiques de ce « pays trompeur », où le rêve est roi : Superbes paysages d’Australie, terre brûlée, soleil et vent, tourbillons, lac asséché, chaleur et mirages. On suivra aussi a2vec un étonnement amusé les amours contrariées de Meena et Charlie et l’on découvrira ce peuple attachant où le don de seconde vue semble aussi naturel que la dureté des bagarres et de certaines moeurs tribales, et où « Les enfants d’abord ! » pourrait servir de devise.

Le détective singulier répondant au nom (non moins singulier) de Napoléon Bonaparte fut inspiré par un personnage réel, dont l’auteur, Arthur Upfield, fit la rencontre « alors qu’il roulait sa bosse dans le bush, exerçant divers métiers et songeant à devenir écrivain. » ( cit. du 4ème de couverture)
« Qualifié lui-même d’inventeur du roman ethnologique, Tony Hillerman dira de lui qu’il en était le pionnier ». (sic)