Le Sommeil des poissons
de Véronique Ovaldé

critiqué par Sahkti, le 20 septembre 2006
(Genève - 50 ans)


La note:  étoiles
Apprendre à se donner
La mano est une femme sans âge. Elle attend, souvent tristement, que le temps passe, perchée au sommet du mont Tonnerre dans une maison qui n'accueille qu'elle. Et ses chagrins, sa peur de la solitude et le poids des souvenirs. Un jour, la mano est tombée le visage dans la vinotente, une plante vénéneuse qui vous marque à jamais. Alors elle vit cachée. Un peu, beaucoup... jusqu'au jour où débarque Jo, étrange gaillard immense qui va bouleverser tous les repères féminins soigneusement posés dans ce monde immobile. Et tant pis si ça réveille les haines et les rancoeurs.

Plongée à pleines brassées dans l'univers d'une femme déchirée, que le simple fait de vivre torture davantage chaque jour. L'arrivée de l'amour n'y change finalement pas grand chose, c'est une autre douleur qui prend place. Véronique Ovaldé restitue avec beaucoup de sensibilité et de justesse les émotions de la mano, de cette femme qui nous guide tout au long de ce roman mi-conte mi-journal intime. Elle se glisse dans sa tête et dans sa peau, nous emporte avec elle pour ressentir chacune de ses pulsations. Le découpage en phrases courtes, sur un rythme saccadé, facilite la comparaison avec une pensée en temps réel, des images qu'on formulerait au fur et à mesure que le temps prend possession de nous. Juste un petit bémol pour certaines tournures ou lourdeurs de vocabulaire au fil des pages, qui ne mettent pas l'écriture en valeur. Le fond me plaît plus que la forme.