Pieds nus sur la terre sacrée
de Edward Sheriff Curtis

critiqué par Jules, le 14 septembre 2006
(Bruxelles - 79 ans)


La note:  étoiles
Superbe contenu
Ce livre est réalisé par une femme de Toronto, T.C. McLuhan, sur base d’un énorme travail réalisé par Edward S. Curtis. De ce travail est né un livre « mythe » intitulé « The North American Indian » qui comptait pas moins de 40 volumes dont 20 volumes de texte illustrés de 1500 photographies et vingt porte folios de gravures. Ce livre hors du commun a coûté 1 million et demi de dollars de 1907 et n’a été tiré qu’à 270 exemplaires.

Pour le réaliser, Edward S. Curtis a voyagé pendant plus de trente ans à travers les Etats-Unis et l’Alaska photographiant plus de 80 tribus (plus de 40.000 clichés) et enregistrant plus de 10.000 chants.

Il était tombé dans l’oubli des bibliothèques et McLuhan est tombée dessus par hasard.

Elle nous en donne ici un court résumé comprenant de très belles photos ainsi que des déclarations faites à l’époque par des chefs de tribus ou de simples indigènes.

Edward S. Curtis, mort en 1952, a déclaré ceci :

« J’ai cherché à décrire le plus fidèlement possible les liens qui unissent les Indiens aux choses de l’univers : les arbres et les buissons, le soleil et les étoiles, les éclairs et la pluie – qui, pour eux, sont doués d’une âme. Ils les ont déifiées, les honorent et les implorent. C’est d’elles que dépend leur bien-être »

Ces récits sont pleins de poésie et de nostalgie et nous font découvrir un autre univers, une autre philosophie de la vie.

A lire !
En parfaite communion avec la Terre nourricière 9 étoiles

J’ai lu ce livre en version poche, sans illustration.
Ce qui m’a marquée dans la lecture de ce recueil, c’est la description par les indiens de leur osmose avec leur environnement. La nature, élevée au rang de divinité, leur procure du gibier, qui est non seulement une source de nourriture mais aussi la provenance de divers matériaux nécessaires à leur habitat, leur quotidien. Tout sacrifice d’un animal, d’un arbre, est vu comme une étape nécessaire à la survie des indiens, qui est réalisée avec tout le respect possible pour le vivant. Un passage (que je n’ai pas retrouvé) évoque les vibrations de la Terre ressenties en marchant pieds nus sur le sol, qui fait ressentir à celui qui raconte une communion incroyable avec la terre.
Et puis, les indiens ont vu arriver l’homme blanc, ont essayé de négocier avec lui, et ils racontent alors le bouleversement de leur mode de vie après son arrivée.
Les textes recueillis sont d’une grande poésie, très beaux, à lire et à relire.

MeliMelo - - 36 ans - 1 juillet 2015


Des voix contre le silence 10 étoiles

Des voix surgies du néant témoignent d'une des plus grande injustice commise au nom de la civilisation et du progrès. Des voix qui se dressent contre l'amnésie d'une nation orchestrée dès l'arrivée des premiers colons. Elles nous disent ce que fut l'histoire des indiens. Le mensonge des traités passés avec les hommes blanc, les massacres des enfants et des femmes, le vol des terres et la destruction de cultures millénaires. Le refus de leur reconnaître le droit d'exister en tant qu'êtres humains, et puis le silence total, parqués comme des animaux dans les réserves.

Un ouvrage intéressant qui démontre une fois de plus que lorsque l'histoire est écrite par les vainqueurs, elle devient l'instrument d'un pouvoir qui n'aspire qu'à occulter la vérité.

"Enfant je savais donner ; j'ai perdu cette grâce en devenant civilisé. Je menais une existence naturelle, alors qu'aujourd'hui je vis de l'artificiel. Le moindre joli caillou avait de la valeur à mes yeux ; chaque arbre était un objet de respect. J'admire aujourd'hui, avec l'homme blanc, un paysage peint dont la valeur est estimée en dollars ! C'est ainsi que l'indien est reconstitué, comme des pierres naturelles qui, réduites en poudre sont reformées en blocs artificiels pour aller construire les murs de la société moderne." Chiyesa, écrivain indien.

Heyrike - Eure - 56 ans - 3 juillet 2007