Léopold II : Pensées et Réflexions
de Georges Dumont

critiqué par Jules, le 21 juillet 2001
(Bruxelles - 79 ans)


La note:  étoiles
La pensée d'un homme en avance sur son peuple
Georges-H. Dumont a réuni dans ce petit livre un ensemble de propos tenus par Léopold II. Ils ont leur intérêt !
Le Roi aborde des sujets les plus divers et l'auteur a créé plusieurs rubriques.
La première se rapporte à « L'humanité et la vie » Je retiendrai celle-ci : « Les hommes intelligents sont généralement égoïstes et les dévoués peu intelligents. » Et : « Bien des gens, si on les consulte, sont tentés de dire NON, alors qu'ils laissent parfaitement passer sans murmure le fait accompli. »
Dans « Le pays et ses institutions » , nous trouvons, parmi bien d'autres : « Il n'y a pas de petits Etats ; il n’y a que de petits esprits. » Une autre pensée qui, il me semble, est toujours d’actualité : « Je sais que nous sommes dans un pays de complète liberté de la presse, mais je sais aussi qui fait les articles et je sais qu’on peut les enrayer. Un cabinet est toujours maître de la presse de son parti. »
Sous la rubrique « Le métier de Roi » Léopold II dit : « Je ne demanderais pas mieux que de pouvoir toujours dire des choses agréables à mes compatriotes, cela me vaudrait plus d'acclamations, mais il faut bien que je leur fasse connaître, franchement, la vérité. »
Au sein de l’Europe, Léopold II ne se faisait pas beaucoup d’illusions sur la sacro-sainte valeur de notre neutralité. Celle-ci était pourtant la pierre angulaire de la politique de tous nos gouvernements. Aussi, ceux-ci refusaient la demande pressante du Roi d'instaurer un véritable service militaire. Léopold II dit : « Si notre neutralité n’existe que sur le papier, le respect de cette neutralité ne sera de même que sur le papier, et, en cas de conflit, les belligérants n’auront égard qu’à la sécurité et à l'avantage de leurs armées. » La suite des événements a montré à quel point il avait raison.
Sous la rubrique intitulée « Pour le bonheur du peuple », le Roi nous montre à quel point il a de l'estime pour les partis et les politiques en disant : « Les gouvernements ont pour mission d'éclairer les masses et non pas de se laisser complaisamment entraîner par elles dans des voies qu'ils savent être dangereuses. Là est leur courage et leur responsabilité. »
Georges H. Dumont nous explique à quel point Léopold II a été critiqué par la presse de son époque. Les journaux contestataires et satiriques fleurissaient de tous côtés et n’hésitaient pas à aller puiser de la matière dans la presse étrangère. C’est de là que vient la légende des noirs aux bras coupés. Un journal intitulé « La Réforme » écrit : « Ce qu'il faut à Popold II, empereur du Congo, c'est du caoutchouc, toujours du caoutchouc ; ce n’est plus un Roi ordinaire, c'est un Roi-caoutchouc. »
Si le comportement de Léopold II n’était pas exempt de défauts, il n’en demeure pas moins que cet homme voyait plus loin que beaucoup d'autres et que son but ultime a toujours été la Belgique.