Epître aux Martiens
de Jean-Marc Lovay

critiqué par Sahkti, le 5 septembre 2006
(Genève - 49 ans)


La note:  étoiles
Voyage chez les morts et les vivants
"Ma vie s'est faite route, avec les poussières et les nuques lasses au soir, et les rides pures dans les lointains paysages qui animent et choient les âmes !"

L’Epître aux Martiens est le premier texte de Jean-Marc Lovay (La Tentation de l’Orient), un récit oublié jusqu’à présent et que les éditions Zoé ont la bonne idée de publier. Avec ceci de déroutant pour le lecteur que cette dernière publication étant en réalité le premier texte de l’auteur, on le lit avec un regard habitué à un style alors qu’il en va ici tout autrement. Exercice pas toujours facile, on a parfois tendance à porter un regard critique sur un texte qui mérite ce qu’on appelle l’indulgence du premier jet. Exercice cependant salutaire et enrichissant car il nous oblige à modifier nos clichés et nos limites et à réapprendre à lire en quelque sorte.
D’autant plus que cet Epître est quelque peu compliqué, il s’agit de suivre l’auteur pas à pas dans ses tribulations et ses réflexions divisées en trois parties (L’Eclipse, L’Apogée de Novembre et Soleil) et tournant toutes autour de la mort d’êtres chers au narrateur. Ce dernier, Julot, entame son récit par un incendie et une pendaison. Il se rend alors dans l’autre monde, se voit attribuer un matricule et apprend le règlement du lieu. Etrange atmosphère qu’il est difficile de raconter tant ça fourmille de détails et de personnages hétéroclites. C’est complètement surréaliste et j’ai pris beaucoup de plaisir à découvrir cette galerie de portraits noirs ayant tous la mort pour point commun.
Julot, le narrateur, évolue entre les morts et les vivants, dans un univers irréel qu’il parcourt en même temps que nous (par moments, ce récit est très visuel), il s’interroge sur la mort et la vie, c’est sombre et mélancolique mais très animé en même temps à cause des aventures qui se produisent. Une belle alchimie.