Responsabilité sociale de l'entreprise
de Philippe De Woot

critiqué par Saint Jean-Baptiste, le 2 septembre 2006
(Ottignies - 88 ans)


La note:  étoiles
Science sans conscience...
Prométhée est le mythe de l'entrepreneur. C'est un Héros : il apporte le feu aux mortels, c'est à dire le pouvoir d'action, de progrès et de développement.
Mais c'est un Héros maudit pour ne pas avoir donné une finalité à ce pouvoir : "il leur a mis un bandeau sur les yeux". Les mortels ne sont pas capables de soumettre le progrès scientifique et technique au Bien Commun. (les majuscules sont de l'auteur).
Voilà le thème développé par Philippe de Woot dans cet essai.

Dans la première partie du livre, l'auteur se penche sur l'état actuel de la science et sur le développement des entreprises mondiales. Il constate que le pouvoir des entreprises est devenu exorbitant ; et aujourd'hui, depuis la mondialisation, ce pouvoir échappe plus que jamais, à tout pouvoir régulateur. La mentalité dominante actuelle de l'entrepreneur est de tout laisser faire, quitte à réparer plus tard les dégâts ...si c'est possible !
La pensée unique, issue de cette mondialisation, dispense désormais l'entrepreneur de toute préoccupation écologique et éthique pour ne plus poursuivre qu'un seul but : l'argent !
"Il n'y a jamais eu tant de richesse dans le monde et aussi tant de pauvreté. Jamais les connaissances n'ont connu une telle accélération, mais jamais la terre n'a été aussi menacée".
Le constat est pessimiste, très pessimiste !

Et pourtant l'auteur ne désespère pas ! Dans la deuxième partie du livre, il propose des solutions, tout en reconnaissant l'extrême difficulté de leur application.
D'abord, il faudrait un pouvoir éthique basé sur des valeurs reconnues par tous. Or, nous nous sommes précipités dans un monde comme l'Humanité en a rarement connu : un monde sans valeurs reconnues, un monde où la seule morale acceptée est : la liberté de chacun limitée à la liberté de l'autre, étant bien établi que "l'autre" est une notion variable selon chacun !
Dans la pratique c'est la loi du plus fort ! (cette dernière remarque est de moi).

Ensuite, il faudrait un pouvoir planétaire accepté librement par tous les pays. Et c'est de l'Europe, héritière des traditions socialistes et démocrates chrétiennes et, première puissance commerciale du monde, que devrait venir ce pouvoir. Ce pouvoir définirait un modèle de développement durable qui, dans la course au progrès, tiendrait compte de la pollution, des injustices sociales et de la survie de la planète.
L'auteur y croit et il l'appelle de tous ses vœux : "faute d'une évolution rapide, tant d'injustices et d'inconscience ne peuvent que déboucher sur une révolution" !

Dans son livre, Philippe de Woot a étudié tous les aspects de tous les problèmes : pollution, manipulations génétiques, intelligence artificielle, abandon de l'Afrique noire, exclusion et chômage, industrie de guerre et menace planétaire, tout est étudié dans les moindres détails et dans le souci d'analyser tout, à fond.
Ça donne à cet essai un côté touffu, beaucoup de redites et, c'est parfois lassant.
Il faut vraiment s'intéresser à ces questions et aussi beaucoup de patience, pour arriver au bout du livre.
Et pourtant, cette lecture en vaut la peine : ce livre est une merveille de bon sens, de clairvoyance et de connaissances sur des sujets d'une brûlante actualité.