Le spectateur engagé
de Raymond Aron, Jean-Louis Missika (Autre), Dominique Wolton (Autre)

critiqué par Jules, le 19 juillet 2001
(Bruxelles - 79 ans)


La note:  étoiles
Un grand penseur et un homme en opposition avec son époque
Raymond Aron a fait l'ENA avec Sartre et s’est retrouvé quasiment « excommunié » par ce dernier aux lendemains de la guerre.
Il est mort en 1983, après un semblant de réconciliation avec lui en 79, lorsque les deux hommes se sont rendus chez Giscard d’Estaing pour dénoncer le scandale des « boat people » vietnamiens.
Nous pourrions qualifier Raymond Aron de « philosophe de la politique » Ce livre est né d'entretiens entre lui, Jean-Louis Missika et Dominique Wolton. Au fil des pages on découvre non seulement le philosophe, mais aussi le sociologue, l'historien et le journaliste. Il a écrit au « Figaro », à la grande rage des « intellectuels de gauche » de l’époque, avant d’écrire à « L'Express »
Aron, dans ces entretiens, nous parle des événements d'avant la guerre quarante mais aussi des lendemains de celle-ci. La montée de la gauche, le gaullisme, l'Algérie, l’Europe, l’Amérique, l’équilibre Est-Ouest etc.
Ce grand intellectuel figure comme « révolté » dans le livre de Jean-François Kahn (Ceux qui ont dit non, déjà critiqué sur ce site. Pourquoi ? Parce qu'il a toujours refusé de céder à l'air du temps. Que ce soit au nazisme, au stalinisme à toute idéologie de quelque bord qu’elle soit. Il préférait réfléchir par lui-même, tirer ses propres conclusions. Il avait une nette préférence pour l’état de droit et la liberté que pour l'URSS, le Cuba de Castro ou la Chine de Mao, avant, pendant ou après la révolution culturelle.
Mais la pensée intellectuelle du lendemain de la guerre était verrouillée par Sartre et nombreux étaient ceux qui disaient qu'il valait mieux avoir tort avec Sartre que raison avec Aron.
Un grand penseur de la société, de la politique, et ces entretiens ont été très bien menés par ceux qui l'ont interrogé. Une pensée intelligente, mais à la portée de tous. Sa volonté de vouloir garder son libre arbitre en fait une pensée qui n'a en rien perdu de son actualité.
Un livre agréable à lire et des plus intéressants !…