Rivage, tome 1
de Haruko Kashiwagi

critiqué par Shelton, le 23 août 2006
(Chalon-sur-Saône - 67 ans)


La note:  étoiles
Lecture difficile, malgré tout...
Ce manga présente instantanément l’avantage d’être prévu en cinq volumes, ce qui dans cet univers n’est pas chose si courante. Au moins, on sait à quoi s’en tenir…
Pour ce qui est de l’histoire, c’est beaucoup plus compliqué. En effet, l’auteur nous immerge dans la culture japonaise profonde. Nous voici à l’époque Heian, et ne me demandez surtout pas ce qui se passait à cette époque éloignée. Oh ! Je sais grâce à l’éditeur que nous sommes entre 794 et 1192. Nous sommes en compagnie d’une petite famille qui va connaître un drame : Torago laisse sa grande sœur, Tana, se faire emporter par une mer qui semblait sans danger et qui soudainement engloutit en son sein une jolie fille… La pauvre Torago sera ainsi montrée du doigt et elle portera toute sa vie un sentiment de culpabilité, somme toute assez normal… Nous sommes sur l’île du Démon et, ici, tout ne pouvait qu’être dramatique.
Mais, si on regarde bien les dessins de ce début de bande dessinée, nous comprenons que Torago n’est pas la véritable coupable. Le jeune Kuruku est beaucoup plus coupable… Mais qui le sait… Pas Torago, qui va choisir Kuruku comme époux…
Un jour, toujours sur cette petite île isolée, une femme est sortie de ces flots déchaînés, secourue par le village et comme elle ressemble beaucoup à sa grande sœur, Torago décide de s’en occuper. Mais, une petite population isolée comme ça peut-elle accepter sans difficulté une femme venue de nulle part ? Depuis qu’elle est là, le volcan de l’île du démon se réveille et le chaman, une vieille femme dépositaire de la sagesse collective, désigne la pauvre Manamé, tel est le nom de la rescapée, comme source des malheurs du village et de l’île. Mais on comprend bien qu’en cas de doute la pauvre Torago sera, elle aussi, mise dans le même panier que la naufragée…
Nous sommes donc dans une histoire mythologique qui donne le rôle principal aux forces de la nature, à commencer par les océans… L’eau est-elle celle qui lave, celle qui sauve, celle qui tue… ou bien, les océans seraient-ils, comme les dieux, maîtres absolus de la vie et de la mort ?
La narration graphique est assez simple pour un occidental, car, à part le sens de lecture, l’ensemble est assez classique. On est très loin des mangas à quatre sous et des dessins exagérés incompréhensibles pour nos mentalités habituées aux bédés franco-belges.
Mais, ce qui est le plus délicat réside dans les mentalités japonaises que nous ne percevons pas du premier coup. En fait, tout nous paraît bien, agréable à lire, bien dessiné… mais en fin de lecture, nous ne sommes plus certains de ce que nous avons compris… Les affrontements entre communautés humaines, les réactions face aux adversités de la nature, tout cela peut se comprendre, mais la nature de ces comportements humains varie beaucoup d’un peuple à un autre, d’un continent à un autre… Nous sommes, avec cette bédé, définitivement dans le monde îlien pacifique et je ne suis pas convaincu d’avoir tout compris… Mais à vous de vous faire une idée…
Pour le reste, la traduction est de bonne qualité et il n’y a rien à dire pour la présentation de l’ouvrage… Disons, aussi, que c’est un manga plutôt pour adolescents plus et adultes.
Une histoire à lire, relire, très probablement, et nous attendrons le prochain volume pour nous faire une opinion définitive…