Monsieur Forme
de Gwen de Bonneval

critiqué par Shelton, le 22 août 2006
(Chalon-sur-Saône - 67 ans)


La note:  étoiles
Où ai-je mis la tête ?
Voici une excellente bande dessinée pour enfants, oui pour les tout petits, ceux aux quels on ne pense jamais quand il faut acheter une bédé. Et pourtant, elle est si bonne que même les adultes peuvent la lire, l’apprécier, l’aimer…
C’est l’histoire d’un petit homme ayant un très joli chapeau haut de forme, d’où son nom Monsieur forme. Mais dès l’ouverture de l’album, ce qui saute aux yeux, ce n’est pas le chapeau, si beau soit-il, mais la « déstructuration » de la forme de la narration graphique : ici, pas de vignettes bien délimitées… et pourtant, on arrive cette histoire sans aucune difficulté. Il semblerait même que les plus gênés soient les adultes et que les enfants plongent très rapidement dans l’histoire.
Mais, il y a un inconvénient pour les plus jeunes lecteurs, c’est que ce récit est doté d’un texte assez copieux. En effet, Gwen de Bonneval ne nous livre pas ici une petite histoire fadette à deux sous : non, Monsieur Forme serait plutôt un récit philosophique… monsieur Forme marche dans la rue et se cogne à un lampadaire. Un « Booong » résonne dans la rue. Tiens, on dirait un bruit anormal, comme s’il était creux… Quoi, la tête de Monsieur forme serait vide ! Devant une telle découverte incongrue, Monsieur Forme n’aura qu’une seule envie, celle de remplir sa tête… Mais comment faire…
C’est comme si Gwen de Bonneval nous emmenait en bédé aux temps des affrontements de la Renaissance : tête bien pleine contre tête bien faite !
En fait, après avoir tout essayé, même les livres qui le laissèrent « gonflé de vide », Monsieur Forme trouvera le moyen de se remplir… mais d’émotion ! Heureusement, Gwen de Bonneval ne dit pas que les livres ne peuvent pas livrer d’émotion car son album en délivre tant que je me suis senti comblé, rempli, débordant et que ce surplus que je vous livre, aujourd’hui, vous donnera, peut-être, en tous cas je l’espère de tout cœur, l’envie de vous remplir aux même sources de sagesse et d’humanité.
Gwen de Bonneval démontre ainsi que l’on peut écrire et dessiner une bédé pour la jeunesse en faisant œuvre philosophique, en clair, en écrivant pour un très large public de 7 à 777 ans ! Non, ce n’est pas une faute de frappe, mais je suis sûr qu’avec une telle sagesse on doit pouvoir vivre très longtemps !
Petit trésor à avoir dans sa bibliothèque le plus rapidement possible. De plus, l’auteur est un jeune homme très sympathique et si vous le croisiez dans un salon du livre ou de la bédé n’hésitez surtout pas à aller lui parler, vous vous rempliriez à coup sûr !