L'avenir de la littérature
de Frédéric Badré

critiqué par Sahkti, le 21 août 2006
(Genève - 50 ans)


La note:  étoiles
Mauvaise farce
Sous prétexte de vouloir dresser un portrait sans compromission de la situation littéraire et de l'avenir de celle-ci, Frédéric Badré descend à tout va les petits copains du panthéon littéraire. Il reproche notamment à certains d'assassiner pour le plaisir de bons auteurs dans leurs critiques, uniquement par mesquinerie et vengeance personnelle. Il reproche aussi à d'autres d'être vendus à des magazines et des éditeurs. Choses connues et archiconnues, rien de très neuf, sauf que Monsieur Badré oublie tout de même de rappeller par qui il est édité, pour qui il travaille et qui sont ses amis. On comprend dès lors un peu mieu pourquoi dans ce livre il s'en prend à certains... vengeance et règlement de compte dans une cour de récré!

J'ai ressenti un certain malaise, voire une colère certaine, en lisant cet ouvrage.
D'abord parce que la littérature ne peut, dans le cas présent, se résumer qu'à la littérature française. Bien sûr, c'est établi, comment pourrions-nous en douter, il n'y a que celle-là qui en vaille la peine. Alors dans ce cas, autant compléter le titre en ajoutant le mot "française". Mais bon... détail, dira l'auteur.

Ensuite parce que si l'entreprise de Badré pouvait faire croire qu'un peu de sang neuf allait être apporté dans le débat sur la déchéance littéraire et sa mercantilisation, la déception est au rendez-vous. Vite oubliés ou esquissés les grands auteurs de jadis, ceux qui ont donné leurs lettres de noblesse à la littérature (française). On leur préfère Houellebecq, Beigbeder ou Sollers. Fichtre ! Serions-nous tombés si bas ? Non pas que ces auteurs ne valent rien (enfin sur ce point, chacun pense ce qu'il veut...) mais les porter ainsi au panthéon littéraire comme étant les figures d'un renouveau certain, ça me laisse pantoise. Qui parlera encore de Sollers dans quarante ans ? Combien de titres de bouquins de Beigbeder seront encore évoqués alors que Proust ou Dumas appartiendront toujours aux grands classiques ? Vaste débat, certes, mais le ton péremptoire de Frédéric Badré a de quoi agacer. Il sait tout, il prédit l'avenir de la littérature, il divinise Sollers (normal, c'est le patron de la collection qui édite le sieur je sais tout) et il affirme que sa revue est la meilleure.

Mouais... finalement, Naulleau et Jourde ont l'avantage sur Badré d'être rigolos même si ils commencent à se prendre, eux aussi, un peu trop au sérieux. Tout cela ressemble à ces débats stériles dont tout le monde se fiche, ces querelles potinières littéraires totalement inutiles qui ne feront jamais avancer le schmilblick mais permettront à quelques auteurs de se faire mousser et surtout, ô pouvoir suprême, de faire plaisir aux copains.