Tous les noms
de José Saramago

critiqué par Zoom, le 19 juillet 2001
(Bruxelles - 70 ans)


La note:  étoiles
Un beau roman sur le sens subit que prend une existence
Cette histoire raconte une tranche de vie d'un homme de 50 ans, petit employé aux écritures au Conservatoire de l'Etat Civil, détourné subitement de sa routine par la recherche d’une femme inconnue.
Monsieur José, petit employé modèle et respectueux de la hiérarchie sacrée faisant loi au Conservatoire de L’Etat Civil, vit seul et sans histoire. Son seul passe-temps est de collectionner des articles concernant cent personnalités de son pays. Il les complète par leur fiche d’état civil qu’il " emprunte " au Conservatoire. Un jour, par hasard, la fiche d’une femme de 36 ans se glisse dans son paquet. Hasard ou signe du destin, il décide de retrouver cette femme, de la connaître. Cette quête prend rapidement l'allure d’une obsession et Monsieur José en perd son tempérament raisonnable et soumis : de rencontres en découvertes, ce sont les autres et surtout lui-même qu'il va découvrir, à travers une audace qu’il ne se connaissait pas. Jusqu’à un berger qui fait paître ses moutons dans un cimetière et change les numéros attribués aux " nouveaux " enterrés, ainsi les visiteurs se recueillent devant une tombe qu'ils fleurissent, mais en réalité ce n’est pas le mort qu'ils croient qui se trouve sous la tombe...
Malgré le style touffu de Saramago, la difficulté de se retrouver dans les conversations qui s’enchaînent sans crier gare, c’est un roman superbe, où, par delà la raison, les sentiments apportent la vie.
Comme dans la vie ? 6 étoiles

Monsieur José est un petit fonctionnaire au Conservatoire général de l’état civil. Quand Monsieur José tombe par erreur sur la fiche d’une inconnue il n’aura d’autre but que de la retrouver, et sa vie va basculer.
Certes le style singulier de Saramago est vraiment intéressant. Mais il y a trop de digressions qui ralentissent la narration. D’aucuns diraient de vaines digressions. Comme dans la vie ?

Ravenbac - Reims - 58 ans - 28 septembre 2013


Pas de noms dans Tous les noms 9 étoiles

Aussi incroyable que cela puisse paraitre, il n'y a aucun nom dans tout le récit, à part "Monsieur José". Il faut dire que Monsieur José est LE héros de l'histoire, un héros pas comme les autres, sans peur et sans reproche, puisque d'employé irréprochable au Conservatoire de l'État Civil, il va se transformer en dangereux hors-la-loi... à bas la hiérarchie! Monsieur José copie des renseignements confidentiels de l'État Civil, fait des incursions nocturnes dans les archives, et finit même par arriver mal rasé au travail, et en retard!

Il s'est mis dans un drôle d'état, Monsieur José... tout ça pour une femme dont il ne connait que le nom, l'âge, bref ce qu'il peut tirer de sa fiche personnelle et confidentielle. En partant à la recherche de cette femme dont il tombe immédiatement et éperdument amoureux, ce sont ses propres repères qu'il va perdre. Une vie réglée comme du papier à musique qui va perdre son sens en essayant d'en trouver. Par la force des choses (mais sans dévoiler une partie de l'intrigue), Monsieur José se rendra finalement compte que ce rêve qu'il poursuit, de retrouver enfin la femme inconnue, ne sera jamais atteint.

Ce roman est un conte, une fable, un récit qui touche à l'universel... pas de noms, pas de lieux, pas d'époque; Saramago dépeint un monde qui pourrait être le nôtre, s'il ne touchait pas autant à la caricature (dans le fonctionnement de l'administration, notamment). Caricatural, mais tout en finesse, et peut-être plus proche de la réalité qu'on veut bien se l'admettre au fond.

Les dialogues kilométriques et touffus ne font qu'ajouter au charme, et n'entravent en rien la lecture. S'il fallait dire une chose au moment de refermer ce livre, c'est "Sacré Monsieur José (Saramago), tu as encore réussi le pari de me faire passer un très bon moment de lecture, délassant et récréatif, tout en laissant la porte largement ouverte au rêve et à la réflexion. Un grand maître, ce Monsieur José-là..."

Mallollo - - 41 ans - 30 juillet 2009