L'aveuglement de José Saramago

L'aveuglement de José Saramago
( Ensaio sobre a cegueira)

Catégorie(s) : Littérature => Européenne non-francophone

Critiqué par Zoom, le 18 juillet 2001 (Bruxelles, Inscrite le 18 juillet 2001, 69 ans)
La note : 8 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 19 avis)
Cote pondérée : 7 étoiles (868ème position).
Discussion(s) : 1 (Voir »)
Visites : 13 278  (depuis Novembre 2007)

Attention: ceci est une histoire lugubre...

Un homme au volant de sa voiture, devant un feu rouge, devient subitement aveugle.
Parallèlement , plusieurs personnes deviennent aveugles, sans aucune explication. Le mal se propage : c'est une épidémie extrêmement contagieuse et le gouvernement prend des dispositions rapides pour isoler les " malades ". Mais qui va leur apporter à manger ? Qui va oser les soigner ? Comment vont-ils se débrouiller puisqu’ils sont tous aveugles ? Comment vont-ils s’organiser ? Ou s'arrêtera la contagion ? Comment rester humain, quand on est aveugle au milieu d'autres aveugles ?
Des groupes se créent, s’affrontent. Les travers des hommes s'exacerbent. La haine apparaît, la solidarité si peu.
L’amour, la haine, l'indifférence, la peur, l’angoisse, l’ignorance, la mort : autant de sens cachés derrière l’aveuglement ; inutile de dire que cette histoire n'est pas drôle...
Comme Saramago est prix Nobel de littérature, je me suis dit que le livre était non pas mal écrit, mais mal traduit : ponctuation fantaisiste, peu de paragraphes, à moins que ce ne soit volontaire : dans ce cas, le style est rébarbatif et difficile (confusion permanente dans les dialogues).
Ceci dit, on ne le lâche pas, ce livre, curieux de voir l'évolution de cette micro-société aveugle, ou plutôt on ne peut pas supporter l’idée d'un tel mal qui se répend à toute vitesse et plonge une population entière dans le désarroi le plus cruel, et on n'a qu’une envie : pourvu qu’il y ait un espoir avant la fin du livre... Le lecteur aussi subit ce désarroi et mesure la détresse d'une humanité sans yeux pour voir.
C’est un livre fort et violent.

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Même un Nobel…n’est pas obligatoirement un label d’intérêt.

6 étoiles

Critique de Pierrot (Villeurbanne, Inscrit le 14 décembre 2011, 72 ans) - 20 octobre 2019

Comme le disait le petit nabot, l’homme en vieillissant ne s’améliore pas, il empire… Et bien ! de mon point de vue c’est un peu le propos de ce roman qui nous emmène dans un asile de fous où sont enfermés et voués à eux-mêmes des gens devenus subitement aveugles. Ca m’a fait penser au film « Le survivant » pour ceux qui l’ont vu, avec Charlton-Heston, où les affreux à fin du film montrent leurs stigmates, avant de bannir par l’arme blanche tous ceux qui se réclament de l’ancien monde. Ici, l’homme revient à l’état primaire et donc cède à ses plus bas instincts. Alors même si l’écrit est riche, il n'en demeure pas moins que j’ai éprouvé le sentiment de tourner en rond (car trop long) dans ce camp de concentration.
Et de rajouter ce que disait Ray-Charles très clairement:
-Cétacé de la cécité

Aveugles

9 étoiles

Critique de ARL (Montréal, Inscrit le 6 septembre 2014, 38 ans) - 13 avril 2015

Publié en 1995 en langue originale, L’Aveuglement du portugais José Saramago, lauréat du prestigieux prix Nobel qui lui fut décerné en 1998, est un roman difficile, tant dans sa facture que dans son propos. La brutalité des événements, et le peu de détour que prend l’auteur dans sa manière de les raconter contribuent à faire de cette œuvre l’épitomé de l’inconfort. Ces personnages sans noms, cette « fille aux lunettes noires », ce « premier aveugle », cette ville même qui demeure innomée parce qu’innommable, capitale de tous les travers de l’humanité, sont autant de raisons de se sentir happés dans cette impersonnalité, qui bien loin d’opérer une distanciation innocentant le lecteur, le force au contraire à se sentir impliqué dans toutes les fibres de son être.

L’incipit du récit est simple : alors qu’il est coincé dans un embouteillage, un homme devient soudainement aveugle, une cécité blanche comme une mer de lait. C’est le début d’une épidémie qui se propagera à un rythme démesuré, forçant le gouvernement à placer une foule d’individus en quarantaine dans un ancien hôpital psychiatrique. Seule une femme semble échapper mystérieusement à cet aveuglement, et c’est à travers son regard que le lecteur sera témoin d’atrocités qui lui donneront envie de fermer l’œil.

C’est justement ce réflexe inhérent à la nature humaine qui se trouve au cœur de la critique effectuée par Saramago. Car si ses personnages souffrent de cécité, l’auteur s’adresse à un lecteur qui lui, voit. Et nul voile ne sera plus jeté sur les réalités que nous préférons d’ordinaire ignorer. Le microcosme dépeint dans le roman n’est qu’une humanité à échelle réduite où se donnent rendez-vous les meilleures comme les pires facettes de l’animal humain. Puisque dans le monde présenté par Saramago, l’homme n’est parfois plus qu’une bête, s’adonnant aux pires bassesses, s’abandonnant à ses instincts les plus primitifs au détriment de tout sentiment de compassion.

Les viols que subissent ces femmes particulières n’est que l’avatar du viol que subit la femme au quotidien, dans l’appartement luxueux, dans la ruelle malfamée ou dans les bidonvilles boliviens. Au final, il s’agit de la même violence. Les personnages ne sont plus des personnages, mais des archétypes qui servent une allégorie finement tissée de la cécité générale de l’homme face à la souffrance de son prochain.

L’écriture même de Saramago supporte cette métaphore. L’inclusion des dialogues à la narration, la rareté des paragraphes, les mots condensés comme autant de longs blocs infranchissables transmettent au lecteur tout le sentiment d’incertitude de l’aveugle, et lui-même avance à tâtons entre les conversations qui deviennent de plus en plus dures à suivre au fur et à mesure que d’autres aveugles se joignent au groupe. C’est là toute la force de cette œuvre magistrale, qui n’offre aucun support au lecteur, rien sur quoi s’appuyer, alors qu’il parcourt les pages d’un livre qui le laisse finalement aussi non-voyant que les personnages qu’il met en scène, le forçant à entrer en lui-même et à se demander si, finalement, il n’est pas le seul qui soit véritablement atteint de cécité.

Il subsiste tout de même au final une lueur d’espoir, l’espérance que dans cette noirceur retrouvée puisse apparaître quelque chose comme une lumière, qui pourtant n’aveuglera plus, qui au contraire permettra de percevoir enfin le détail de la main qui nous est tendue.

Le chien buveur de larmes

9 étoiles

Critique de Paofaia (Moorea, Inscrite le 14 mai 2010, - ans) - 25 novembre 2013

J'avais vu le film de Fernando Meirelles avant de lire le roman, magnifiquement traduit du portugais par Geneviève Leibrich.
Je crois que j'ai trouvé ce qu'il manquait à ce film .
L'écriture..?

Les descriptions du chaos après que les habitants d'un pays ( sauf une, allez savoir pourquoi..) aient été frappés par une épidémie qui les prive simplement d'un de leurs sens. Oui, mais lequel, la vue.
Et les petites réflexions philosophico-ironiques, qui ponctuent ce récit touffu, sans presque aucune respiration, des conséquences de cette épidémie. Conséquences bien réalistes , on dérape et on baigne du début à la fin dans les immondices . Privé de vue, l'homme redevient très vite un animal. Avec ses besoins élémentaires. Et la société se réorganise autour de ces besoins.
Quand les besoins naturels pressent cruellement, quand le corps ne peut plus se retenir tant la douleur et l'angoisse sont grandes, alors l'animal que nous sommes se manifeste dans toute sa présence.


Jusqu'à ce que... survienne un très beau "personnage", le chien buveur de larmes.

Le chien des larmes s'approcha d'elle, il sait toujours quand on a besoin de lui, la femme du médecin se cramponna à lui, non pas qu'elle ne continuât pas à aimer son mari, non pas qu'elle n'aimât pas tous ceux qui étaient là, mais son impression de solitude fut si forte en cet instant, si intolérable, qu'il lui sembla qu'elle ne pourrait être adoucie que par l'étrange soif avec laquelle le chien buvait ses larmes.

Je crois qu'on peut voir tout ce qu'on veut dans ce texte, conte philosophique, parabole.

Je voudrais signaler , pour Saramago, le magnifique Tous les noms..

Une réussite lumineuse.

8 étoiles

Critique de Ravenbac (Reims, Inscrit le 12 novembre 2010, 58 ans) - 25 mai 2013

A un carrefour la circulation automobile est bloquée. Dans sa voiture, un automobiliste fait des grand signes avec ses bras et hurle 3 mots : je suis aveugle. Il est conduit peu après chez un ophtalmologue. Le soir même, ce dernier devient lui aussi aveugle. S’en suit à travers tout le pays une épidémie de cécité.
L’histoire est prenante du début à la fin. L’écriture de Saramago est fluide et originale. Il faudrait être aveugle pour ne pas aimer ce roman.

Poignant

8 étoiles

Critique de Jaafar Romanista (Rabat, Inscrit le 3 février 2013, 35 ans) - 2 mai 2013

c'est un livre poignant , bouleversant, avec un style narratif surprenant qui tient le lecteur. c'est un livre qui nous fait réfléchir et méditer sur la réalité humaine, dans l'atrocité et dans la panique l'homme devient une bête capable de faire n'importe quoi pour survivre.
Un livre marquant, à lire absolument.

Douloureux

10 étoiles

Critique de DE GOUGE (Nantes, Inscrite le 30 septembre 2011, 67 ans) - 5 novembre 2011

ce livre est tout simplement horrible (dans le sens positif du terme) Quel cauchemar : une étude de la décadence, nos sociétés, soit disant, civilisées, sont complètement remises en question :
- la peur de la contagion est magnifiquement examinée, et gérée comme au moyen âge (ça me fait penser au "Hussard sur le toit")
-le sexisme : désolée pour les mecs du site qui se sentent différents, mais l’utilisation violente et éhontée de la femme, qui tapisse notre histoire, ressurgit dans un huis clos terrifiant !
-le chacun pour soi : pauvre de nous !
Le cheminement, violent, douloureux -le seul espoir est cette femme, qui seule garde la vue : un symbole ?- est quasi désespérant.
Contrairement à Néosmith, j'ai aimé la fin : c'est une porte ouverte à la reconstruction, après tant de douleurs, ça nous permet de présager, à nous les lecteurs impuissants, une nouvelle façon de construire (et pourtant je ne suis pas une idéaliste )...
On peut penser que cette expérience, affreusement hors du commun, permettra une autre approche, une utilisation d'expérience hors norme, pour créer du mieux ?
Bon, OK, je crois que je reste idéaliste, mais j'ai aimé ...

Assez déçu

5 étoiles

Critique de Neosmith (Villeurbanne, Inscrit le 29 mai 2011, 32 ans) - 29 mai 2011


Je m'attendais à mieux, les actions sont relativement prévisibles et je n'ai pas été pris dans la lecture comme je le souhaitais. En effet, l'intrigue est relativement simpliste, pas besoin d'être prix Nobel de littérature pour imaginer que lorsque toute les être humains sont pris d'une contagion de cécité, le monde se transforme en un monde anarchique plein de défections jonchant le sol et avec des comportements des plus primaires pour survivre à la faim et à la prédation des autres. ( l'enfer c'est les autres ) On retourne finalement à l’État de nature de Rousseau. C'est la loi des plus forts écrasant les plus faibles en toute liberté.
J'ai été déçu par la fin qui m'a laissé sur ma faim : en effet on ne sait pas si tout va effectivement redevenir comme avant, ni la cause de cette cécité soudaine, la fin est brève et sans véritable chute.
La style d'écriture est intéressant et il n'a pas affecté ma lecture.

Ce n'est pas un mauvais livre, mais ce n'est pas non plus un chef d’œuvre. A lire mais certainement pas à relire.

Un bon livre mais une fin décevante...

8 étoiles

Critique de Alzir (, Inscrit le 19 juillet 2009, 40 ans) - 28 septembre 2009

Une bon livre sur l'humain.
Ce livre m'a parfois laissé de glace quant aux évènements, ces choses plausibles sur le comportement de l'homme où il deviendrait quasi animal.
Des hommes sont parqués comme des bêtes dans un asile de fou suite à une étrange maladie: d'un coup, certains deviennent totalement aveugles, mais d'un aveuglement blanc; ils ne voient que du blanc. Sauf une femme, et c'est cette femme qui tentera de tenir le bon rôle. Elle les aide tant bien que mal sans faire remarquer sa capacité de toujours voir.
Delà débute un tableau plus ou moins horrible...

J'ai été déçu de la fin. Un peu "facile" à mon goût... comme si l'auteur ne savait pas comment finir son roman. Juste une affaire des 5 dernières pages, c'est tout. Le reste est très bien.

BOF

3 étoiles

Critique de Free_s4 (Dans le Sud-Ouest, Inscrit le 18 février 2008, 49 ans) - 10 mai 2009

Je suis d'accord avec El Grillo, ce livre ne m'a pas bouleversé.
J'ai mis beaucoup de temps pour le finir (j'aime bien finir un livre quand je le commence) il ne m'a pas passionné.
Dur dur à finir, trop long (pourtant que 300 pages).
Donc, je ne le conseille pas

Une route départementale tout au plus.

2 étoiles

Critique de El grillo (val d'oise, Inscrit le 4 mai 2008, 50 ans) - 18 août 2008

J'ai fait comme tout le monde, j'ai suivi le troupeau de ceux qui avaient aimé le livre... mais je me suis égaré en chemin, un vrai mouton noir. Je n'ai absolument rien vu de surprenant, de déroutant. De dérangeant, certes : tout ce chaos engendré par la cécité du monde est perturbant mais... peut-il en être autrement ? En cela, je n'ai absolument pas, à aucun moment, été surpris par les propos de l'auteur. Oui, on se doute bien que ça serait le gros bordel si tout le monde devenait aveugle, oui, il y a des chances qu'on marcherait plus facilement dans le caca du voisin, oui, l'humain deviendrait bestial, et on serait plus fort si on vivait groupé... et après ?
En post apocalyptique et déroute de l'être humain, j'ai préféré la route de mac Carthy. Ici, on est tout juste sur une petite départementale...
Et que dire du style : pas de paragraphe, de gros pavés qui alourdissent un peu plus une histoire pas bien faite pour être légère, et des personnages tels que "la femme à lunettes", " le vieillard au bandeau" "la femme du médecin". Ouah, que du léger, je reprendrai bien un peu de pâtes au cassoulet moi...

Une écriture aveuglante

10 étoiles

Critique de Rosa Caulfield (, Inscrite le 3 février 2006, 42 ans) - 14 juin 2006

L'écriture de Saramago a quelque chose d'épidémique: elle aveugle le lecteur! La suppression d'indications toponymiques, je veux parler des noms propres, ceux des personnages et ceux des lieux, donne à celui-ci l'impression d'avancer à tâtons dans le récit. Ces personnages sans nom sont autant d'êtres sans visage, sans identité claire. Ces personnages, ces hommes et femmes invisibles, très peu décrits par le narrateur, c'est vous, nous, personne, tout le monde. Et la ville, le pays sans drapeau de L'Aveuglement, c'est partout, c'est nulle part, c'est chez soi.

La ponctuation déréglée, l'indifférenciation narration/dialogue et l'absence d'aération dans le corps du récit (l'élimination des sauts à la ligne, la rareté des paragraphes, des chapitres) égarent le lecteur. Si, distrait, il sort du roman ne serait-ce qu'un court instant, il lui est difficile à première vue de retrouver le passage qu'il vient à peine de quitter des yeux.

Cette écriture est aussi loin de l'écriture romanesque à laquelle nous sommes habitués que la société d'aveugles décrite par Saramago est loin de notre société de voyants (ou plutôt d'aveugles qui s'ignorent). C'est une écriture aveuglante, une cécité laiteuse, d'une blancheur révélatrice, une illumination! En désarticulant le modèle romanesque et l'écriture narrative, elle rend ce modèle et cette écriture apparents, elle met en relief ce qui a été modifé, tordu, perdu, la ponctuation, par exemple, et démontre ainsi, par la négative, l'importance de règles, de balises, de codes communs. Cette écriture, comme l'épidémie d'aveuglement, démontre aussi que l'être humain (le lecteur) peut apprivoiser et habiter un univers déréglé, un chaos. Il s'adapte à tout, au bout de dix pages, au bout de dix jours...

Saramago semble nous dire: nous avons cru au progrès, nous avons cru à la science, à la technique, à la technologie, à la civilisation, mais voyez, changez seulement la donne, et observez comment se déglinguent nos société si bien rodées, constatez le peu d'avancement du progrès "moral". Depuis "La Peste" de Camus, la compassion ne semble pas vraiment avoir gagné de terrain. Elle est l'affaire d'une poignée d'individus.

Explosion du modèle social

8 étoiles

Critique de Cuné (, Inscrite le 16 février 2004, 56 ans) - 1 janvier 2006

C'est un roman très surprenant qui va au coeur même de la noirceur. Le but ultime est de survivre, tous les bas instincts sont réactivés, et le noyau même de l'imagination humaine est titillé. On se retrouve tous un peu dans ces histoires labyrinthiques, où dans des conditions extrêmes on cherche à s'en sortir au mieux. Mais même en dehors de l'histoire, à forts éléments de science-fiction, le style de José Saramago ajoute à cette sensation oppressive. Pas d'aération, encore et encore et encore des phrases à la suite les unes des autres avec action et réflexion intimement mêlées : personnellement ça m'a plongée fortement dans ce livre, j'ai été même comme happée dans un univers tourbillonnant. Je suis ravie d'avoir pu éprouver ça avec un prix Nobel de littérature, et étonnée de lire qu'il n'est venu à l'écriture qu'à 58 ans...
Non, vraiment, pas banal du tout !!

Reflet de l'âme ?

10 étoiles

Critique de Sabyne (, Inscrite le 4 octobre 2005, 50 ans) - 28 décembre 2005

Ce livre, je l'ai lu presque d'une traite et ce, pour plusieurs raisons.
D'abord, parce que je voulais savoir comment allaient s'en sortir les personnages principaux. Ensuite, parce que, en tant que lecteurs, on joue à se faire peur en lisant un livre dans lequel personne ne peut plus voir. Et enfin, il faut dire que j'ai aimé ce style un peu particulier (très bien décrit dans les critiques précédentes) et finalement facile à lire.
Quant à la façon dont est considéré l'être humain, je la trouve assez réaliste dans sa diversité : solidarité pour certains, cruauté et profit pour d'autres.

BEAU...

10 étoiles

Critique de Septularisen (Luxembourg, Inscrit le 7 août 2004, 56 ans) - 2 juillet 2005

Un livre fort, puissant, dont on aime parcourir chaque ligne pour s'en imprégner...

Il est vrai que style de l'auteur dérange un peu, mais pour ce qui est des phrases à rallonge, de l'absence de paragraphes, de virgules, de points, ou de majuscules, SARAMAGO n'a rien inventé, voir Claude SIMON, Alain ROBBE-GRILLET et les autres écrivains du "Nouveau Roman"...

L'histoire est bien ficelée, et bien qu'invraisemblable... - tous les habitants d'une nation deviennent aveugles en même temps, sauf une femme, puis après un certain temps tout le monde retrouve la vue, et que l'auteur ne nous dit ni le pourquoi, ni le comment-, ... on se prend à y croire, et à vouloir suivre la suite des aventures des personnages principaux...

Et si comme le dit DARIUS dans sa critique, les femmes semblent "soumises" au bon vouloir de leur mari, il ne faut pas oublier que c'est une femme l’héroïne de ce roman, et que c'est bien elle qui tue le "chef" du clan des aveugles qui abusent des femmes...

Reste que l'écriture est très belle, et les descriptions magnifiques... voir la scène d'ouverture de l'homme qui devient aveugle au volant de sa voiture...

Enfin, comme tous les livre de SARAMAGO, (voir entre autres le Radeau de Pierre) c'est avant tout une sorte de conte philosophique, une histoire dont il faut chercher et tirer soi même une morale, un conte initiatique à découvrir le long des pages, pour se forger une opinion...

Dans la merde !

8 étoiles

Critique de Manu55 (João Pessoa, Inscrit le 21 janvier 2004, 50 ans) - 7 mai 2004

Ce livre déménage, pas de doute. Il baigne dans la merde. A chaque page son tas de selles.
Contrairement à certaines critiques, je ne trouve pas ce livre pessimiste. C'est plutôt réaliste... Je pense qu'il à une vraie idée du caractère humain.
Quand au style, y'a pas à dire, c'est particulier. Les dialogues sont... particuliers. Mais cela colle particulièrement bien au sujet abordé.
Seules les interventions directes de l'auteur m'ennuient un peu...
Je fonce demain dans ma librairie acheter un ou deux autres bouquins de lui !

quelques remarques sur le Prix Nobel 1998

8 étoiles

Critique de Darius (Bruxelles, Inscrite le 16 mars 2001, - ans) - 30 juillet 2002

Le sujet me fait furieusement penser à « Moi qui n’ai pas connu les hommes » de Jacqueline Harpman. Tout comme dans Harpman, une série de personnes, ici des aveugles, là-bas, des femmes sont « emprisonnées » et gardées par des soldats. Tout comme dans Harpman, un beau jour, les gardiens se font la malle et les victimes peuvent s’égailler dans la nature à la recherche de nourriture. en survivant tant bien que mal.
Autre remarque : contrairement à ce que nous en dit la quatrième de couverture, je cherche toujours le chapitre où l'auteur prétendrait que cette communauté d'aveugles retrouve l’amour et la solidarité.
Ou l’auteur de ces lignes n'a pas bien lu le livre, ou il en existe une autre version sauf s'il estime qu’une réunion de 6 aveugles sous la houlette d'un voyant constitue une vraie solidarité alors que la majorité des gens s'entretuent, se volent, se violent.
A la lecture de ce roman, je n’ai pu m’empêcher de faire le rapprochement avec les camps de concentrations de sinistre mémoire. La vision de Saramago du genre humain est prodigieusement pessimiste. Au lieu de s’entraider pour s'en sortir, comme ce fut le cas pour les Juifs emprisonnés sous le nazisme, les protagonistes de Saramago s’adonnent à leurs instincts les plus bas, les plus forts s’approprient toute la nourriture, rackettent les autres, monnayent les provisions contre des paiements en nature (viol des femmes).
Je doute qu’à Auschwitz ou ailleurs, il y eut de telles exactions entre victimes embarquées dans la même galère…
L’auteur est venu tard en littérature. Ce roman a été rédigé à l'âge de 73 ans. Et ça se sent dans sa conception qu’il nous donne de la femme.
Ils nous les présente entièrement soumises à leur mari, elles se "laissent" violer par les autres hommes, elles "sucent" vaillamment comme on le leur demande alors qu'elles auraient pu refuser et que d’autres hommes étaient là pour les défendre si leur force physique n’y suffisait pas.
De plus, elles avaient pour elle un élément de poids : la présence parmi elles d'une femme dont les yeux voyaient alors que tous ces hommes qui se livraient aux orgies étaient tous aveugles…
Dernière remarque sur le thème du roman : l’auteur nous décrit minutieusement tout ce qui se passe dans un pays lors d'une épidémie de cécité qui touche tout le monde à l'exception d'une femme.
Il semble n'avoir rien oublié, tous les petits détails de la vie quotidienne que nous ne voyons plus tellement ils vont de soi, sont décortiqués, à l'exception d'un seul. qui est de taille : personne, absolument personne n’accouche dans ce monde d'aveugles… Bizarre, bizarre… On copule, on défèque abondamment (on sent que cette activité le travaille beaucoup..) on est piétiné, on meurt, on s'entretue, l'eau se tarit dans les robinets par absence de personnel pour actionner les pompes, les ascenseurs se bloquent pour cause de techniciens aveugles, mais on ne naît plus, on ne fait plus que mourir…
Quant au style dont parle Zoom, insuffisance de signes de ponctuations, les majuscules après une virgule faisant office de guillemets, manque d’aération des phrases, absence de paragraphes, cela ne m’a nullement dérangé.
J’aime lire en continu et un texte touffu ne me rebute pas, c’est ce que je préfère. Mais je ne crois pas qu'il s’agisse d'une forme nouvelle d’écriture comme celle de Laurent Mauvigné, par exemple.

Chef d'oeuvre

10 étoiles

Critique de Vigno (, Inscrit le 30 mai 2001, - ans) - 21 juillet 2002

Fort, très fort, ce livre. D'abord, il y a le style, un style inventé qui déconcerte l'espace de quelques pages, puis qu'on savoure. L'écriture est dense, touffue, la ponctuation a pris le bord, il n'y a presque pas d'alinéa. Et la technique narrative est aussi brillante. Saramago donne une voix à de multiples personnages et intervient aussi comme narrateur. Et quelles interventions! Il joue avec la logique (notre monde si rationnel), avec les clichés, les dictons, les phrases toutes faites, les proverbes, il s'amuse à les retourner sans dessus dessous, à les confronter les uns aux autres, à les déconstruire, afin de bien montrer le côté dérisoire de nos savoir-vivre, de nos morales, de nos philosophies ou idéologies.
C'est un roman qui dérange, qui offre une vision pessimiste, parfois cynique, de l'humain, mais qu'on ne peut presque pas quitter. On le voudrait mais on n'y arrive pas, parce qu'on est complètement fasciné.
Et le tout n'est pas triste, parce que l'ironie affleure sans cesse. C'est le meilleur livre que j'ai lu cette année.

Lugubre et barbare

8 étoiles

Critique de Anonyme (, Inscrit(e) le ??? (date inconnue), - ans) - 6 juillet 2002

Oui, ce livre est fort et violent.
La civilisation disparaît avec la vue, les valeurs de la société ne résistent pas à la crainte de la contagion tandis que les aveugles de Saramago, isolés, deviennent des barbares.
La fin nous fait découvrir que l'aveuglement, c'est comme la bombe atomique : l'horreur apparaît aux survivants car ils réalisent ce qui s'est passé.
Pour Jules : La traduction est fidèle au style de Saramago, à ses ponctuations fantaisistes, à ses dialogues qui se fondent au texte.
Pour les dialogues, il faut lire le premier chapitre de L'Histoire du siège de Lisbonne.
On aime ou on n'aime pas.
Moi, je trouve le style créatif et vivant, et j'en redemande.

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  L'aveuglement ! 7 DE GOUGE 5 mars 2020 @ 13:30

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