Fausse piste
de James Crumley

critiqué par Brandy, le 10 août 2006
( - 54 ans)


La note:  étoiles
Génial!!!!!!!!
C’est avec une certaine stupéfaction que je me suis aperçu qu’il n’y avait pas encore de critique de James CRUMLEY sur « Critique Libre ».
Avec ceci cela sera chose faite…
Je découvre CRUMLEY depuis quelques mois et à chaque lecture j’en ressors tout chamboulé en ayant l’impression d’être moins sot qu’avant et surtout avec la sensation d’avoir passé un excellent moment d’humour noir décalé !
Même si les aventures réservées aux (anti-)héros de CRUMLEY sont loin d’être drôles, elles ont le mérite de nous faire connaître une Amérique profonde où le bien et surtout le mal se côtoient de très près.
Je place James CRUMLEY aux côtés de LANSDALE (pour la série Collins/Pinnes) et LEHANE (pour la série Kenzie/Gennaro) qui nous donnent souvent à lire des histoires totalement déjantées.
Revenons à « Fausses pistes » qui est à réserver aux amateurs de roman noir bien accrochés.
CRUMLEY décrit bien la vie minable que les USA réservent à ceux qui ne savent pas se fondre dans le moule!
Une écriture qui pourrait paraître simple, mais au fil des pages on se rend vite compte que c'est très riche et bourré d'humour noir et décapant à souhait!
Je ne dévoilerai rien de l'intrigue, (sinon quel intérêt!?) mais je préciserai que c'est très retors et qu'il n'y a pas d'"Happy End" dans les livres de James CRUMLEY!
Milo le poivrot 10 étoiles

Meriwether, Montana.
Milton Milodragovitch, Milo pour les intimes, est un privé mis au chômage par les nouvelles lois sur le divorce. Il ne lui reste plus pour fidèles compagnons que les poivrots de la ville qu’il retrouve dans son quartier général, le bar chez Mahoney.
Helen Duffy, jolie rousse un peu perdue, veut qu’il recherche son frère Raymond, qui n’a plus donné de ses nouvelles depuis trois semaines…
L’enquête de Milo nous permet de plonger dans les bas-fonds de cette petite ville de l’ouest au début des années 70, alors que l’héroïne fait son apparition.
Curieux assemblage de Raymond Chandler et de Charles Bukowski, James Crumley fait passer au roman noir le cap de la culture beatnik post-Vietnam et lui fait prendre l’air frais du Montana après l’avoir passablement arrosé d’alcool.
Bien écrit par un auteur à la forte personnalité mais qui ne se prend pas trop au sérieux, l’humour noir de ce polar et ses croustillants personnages le transforme en véritable délice littéraire.
« Fausse piste » est un livre culte qui n’a pas pris une ride depuis 35 ans et qui peut regarder de haut la production moderne de romans noirs.
A lire et à faire lire.

Poignant - Poitiers - 57 ans - 1 novembre 2011


Milodragovitch, un personnage génial 9 étoiles

Le privé Milo Milodragovitch est terriblement attachant avec toutes ses failles. Il est alcoolique, consomme des produits illicites à ses heures mais il est aussi plein d'humanité, chaleureux et tendre.
J'adore l'humour jubilatoire, noir et décapant de James Crumley. Le polar n'est pourtant pas mon genre préféré mais ce livre est bien, bien plus que cela. Crumley nous parle de l'Amérique des laissés pour compte, ces pauvres hères plein de cicatrices, ces naufragés du rêve américain perdus au fin fond de leur petite ville sans avenir. Nous sommes bien loin de l'Amérique qui gagne.
Je vais m'empresser de lire toute son oeuvre.

Maria-rosa - Liège - 68 ans - 29 mars 2010


En verres et contre tous 8 étoiles

Le bureau minable de Milodragovitch est perché en haut de l'immeuble du même nom. Propriétaire dans la dèche, il doit attendre d'avoir 52 ans pour hériter de la fortune de ses parents, tous les deux morts depuis belle lurette. Ses copains l'attendent toujours avec une certaine impatience au Mahoney, le bar où il rince le gosier des pochetrons. Sous l'effet des amphétamines et du whisky (sans doute pour oublier son passé de camé), Milo navigue d'un œil dans cette petite ville de l'Ouest où tout le monde se connaît. Ancien flic devenu détective privé, il faisait dans l'adultère jusqu'à ce qu'une loi tue la poule aux œufs d'or. Depuis, il attend le client sans trop d'illusions.

Débarque une jeune femme qui lui demande de retrouver son frère venu faire des recherches, dans le cadre de sa thèse d'histoire, sur un héros local du temps de la conquête. Ebranlé par le charme de la jeune femme il accepte à condition qu'elle lui accorde ses nuits. Ses jours contre ses nuits. Choquée, elle s'enfuit prestement du bureau minable.

Pris de remords, il se lance à la recherche du disparu, qui réapparaît très vite sur une table réfrigérée de la morgue. Overdose. Sa sœur n'en croit pas un mot, elle est persuadée qu'il s'agit d'un meurtre. Parallèlement une vague de poudre blanche s'est répandu sur Meriwether, de celle qui permet de glisser voluptueusement vers les mondes artificiels.

Milo évolue dans un monde auquel il ne croit pas une seconde. Incapable de formuler le moindre espoir au sein d'une société exsangue de toute humanité, il y a bien longtemps qu'il s'est affranchit de toute morale. Cette société peut bien être engloutie dans les profondeurs du néant, peu importe, pourvu que demeurent les copains. Un très bon polar qui laisse très peu de place à l'optimisme.

Heyrike - Eure - 56 ans - 26 février 2007