Ruelles, jours ouvrables
de André Carpentier

critiqué par DomPerro, le 21 juillet 2006
( - - ans)


La note:  étoiles
Écriture émouvante et mouvante
Pendant trois ans, André Carpentier à déambuler à travers les nombreuses ruelles de Montréal, qui représenteraient quelque 475 kilomètres, afin de recueillir une somme considérable d’observations sur l’envers du décor débordant de vie de la métropole montréalaise. Comme un photographe, Carpentier, qui est aussi professeur à l’UQÀM, capte la multitude de petites scènes et d’images fugitives qui défilent au rythme de ses flâneries, de ses errances.

Transporté par la beauté de l’écriture, le récit, par sa forme souple, présenté comme un ensemble de notes divisé en quatre parties, donne au lecteur la nette impression de suivre à la lettre le parcours emprunté par le romancier. Aussi, celui-ci livre de justes réflexions sur la création, la déambulation, sur l’acte de marcher, librement, sans but précis et d’accueillir les différents éléments qui composent la réalité autour de soi, dans un état d’esprit qui se rapprocherait du zen. Le lecteur, qui doit avoir l'humeur flâneuse, aura donc la liberté de voyager et, surtout, de se perdre à l’intérieur de ce livre qui se lit dans tous les sens, dans l’ordre comme dans le désordre, par brides ou en entier. Cette oeuvre littéraire, dont la prose s'inspire du concret du réel, est donc destiné aux rares qui n’ont pas peur de s’égarer.

Publié en avril 2005, Ruelles, jours ouvrables, s’inscrit dans une longue tradition en littérature de prosateur ou de poète dit marcheur : de François Villon à Baudelaire et son homme des foules, de Walt Whitman à Thoreau, d’André Breton, d’Aragon, de Paul Éluard et sa poésie involontaire à Blaise Cendrars, Apollinaire, Pessoa et Julien Gracq, sans oublier les plus grands noms de poètes japonais de haïkus.