Les fantômes du Brésil
de Florent Couao-Zotti

critiqué par StellaMaris, le 20 juillet 2006
( - 62 ans)


La note:  étoiles
La malédiction des temps passés
Florent Couao-Zotti a la plume habile, presque magique. Dès les premières lignes de son dernier roman, Les fantômes du Brésil, le lecteur est plongé dans l’atmosphère si particulière du Bénin. La chaleur, l’humidité, la forêt et la mer composent un paysage envoûtant au milieu duquel évoluent des personnages si peu maîtres de leur destin que l’on est tenté de croire, parfois, à cette étrange prédestination qui fait porter aux hommes le fardeau – les vices et les vertus – de l’histoire passée.
L’auteur nous raconte le destin tragique de la jeune Anna Maria do Mato, une Agouda. Cette communauté bien particulière est composée de descendants d’esclaves revenus du Brésil à la fin du XIXe siècle. De nombreux membres ont pu acheter leur liberté, sont riches et possédent un fort sentiment de supériorité sur leurs nouveaux compatriotes, accusés au passage – et jamais pardonnés – d’avoir vendu leurs ancêtres aux négriers occidentaux. Très centrés sur eux-mêmes, peu perméables aux influences extérieures, ils se montrent très fiers de leur culture hybride, mélange d’acquis brésiliens et de souvenirs africains. C’est la raison pour laquelle jamais Anna Maria ne pourra épouser Pierre : le sang des bourreaux ne doit pas se mêler à celui des victimes, quelle que soit la force des sentiments.
Florent Couao-Zotti a 42 ans et vit au Bénin depuis toujours. Quoique né à Pobè, dans le sud-est, il est originaire d’Agoué, (ouest du Bénin) et appartient par sa mère à la communauté Agouda. Ses premiers livre décrivaient le Bénin dans sa truculence parfois dramatique, (L’homme dit fou et la mauvaise foi des hommes) et dans ses soubresauts politiques (Le cantique des cannibales). Aujourd’hui, il recentre ses préoccupations sur ses origines avec un récit de pure fiction mais emblématique d’un comportement sur lequel il s’interroge. Un roméo, une juliette, des méchants, des gentils, un magicien et des amis, le sel et le piment sont au rendez-vous pour faire découvrir au lecteur un nouvel aspect du Bénin, souvent méconnu, le tout servi par le style nerveux et très imagé auquel nous a habitué Florent Couao-Zotti.