Chambre 203
de Cécile Demeyère

critiqué par Sahkti, le 11 juillet 2006
(Genève - 50 ans)


La note:  étoiles
Un enfant face à la maladie
Pierre est un petit garçon de neuf ans qui aime avoir des copains, jouer au foot et manger de bons petits plats. De jour en jour, Pierre se sent de plus en plus fatigué, il perd l’appétit. Peut-être de l’anémie, il va faire des analyses pour en avoir le cœur net. Le verdict, brutal, tombe et l’ombre de la maladie prend soudain une place détestable dans la vie de Pierre qui doit se faire hospitaliser. Il s’installe dans la chambre 203. Un cancer. De longs mois d’hôpital. Un petit garçon qui se bat. Qui raconte sa vie dans cet univers aseptisé. Parle de ses amis, de ses parties endiablées de foot, de ses parents, de ses peurs, de la mort. Un journal intime qui ne cache rien, évoque tout sans pudeur, aborde sans détour la mort de Laura, la compagne de chambre de Pierre, sa confidente, celle qui comprenait son désespoir et ses interrogations. Un décès qui enlèvera tout courage à Pierre qui se demande alors à quoi ça sert de se battre. Et puis il y a cette lucidité qui m’a émue aux larmes, cette manière d’aborder le regard des autres, leur malaise face au malade, le regard de ceux qui ne savent pas et peuvent se montrer tellement bêtes face à ceux qui sont devenus différents. J’ai retrouvé dans cet ouvrage une atmosphère connue, des scènes vécues et revécues. Et puis cette force, le courage de ce môme qui se sait malade et passe par toutes les étapes du questionnement et de la réflexion.
L’écriture de Catherine Demeyere-Fogelgesand est superbe, elle a percé l’intimité de l’esprit d’un être malade qui cherche et se cherche, c’est bouleversant sans être pathétique, c’est réaliste sans voyeurisme, elle relate les choses telles qu’elles sont, sans faux semblants ni interprétations douteuses. Un très beau texte.