Logiques de l'ombre
de Colette Lambrichs

critiqué par Sahkti, le 5 juillet 2006
(Genève - 50 ans)


La note:  étoiles
Miroir, ô miroir...
Il suffit parfois d'un petit rien pour transformer le cours d'une vie. Un élément dont on ne prend pas forcément conscience tout de suite et qui suit lentement et gentiment son petit bonhomme de chemin jusqu'au jour où. C'est ce qui arrive à chaque protagoniste de ces dix-sept nouvelles de Colette Lambrichs, poussant chacun d'eux à la mise en abîme et la confrontation avec le double renvoyé par un miroir qui se met en place sans crier gare. Evénements fictionnels, parfois proches du domaine fantastique (Colette Lambrichs use avec parcimonie du fantastique, pas besoin de pirouettes du style, les mots se suffisent à eux-mêmes), discrets ou tonitruants, autant de morceaux choisis à déguster avec lenteur, histoire de laisser le temps à chaque récit de prendre vie sous nos yeux. Parce que ces histoires narrent un quotidien qui pourrait être le nôtre et qui sait si nous ne ressemblons pas à ces héros de papier avec lesquels joue l'auteur.
Colette Lambrichs maîtrise avec brio l'art du bref, de raconter en quelques lignes, peu de pages, des histoires qui prennent toute la place. Par exemple, dans la première nouvelle ("Le Dicitonnaire"), en à peine cinq pages, l'auteur fait se croiser des êtres anachroniques et porteur d'un message lourd. Tout est dit en quelques mots, c'est un réel talent que de pouvoir faire cela, sans pour autant tomber dans l'anodinerie littéraire dont certains auteurs ont fait leur gagne-pain.
Des nouvelles à lire, assurément. J'ai beaucoup aimé la proximité ressentie entre l'auteur et son sujet, cette manière habile de disséquer nos petits travers et l'âme humaine dans ce qu'elle a d'étrange et/ou de vil.