Une rivière sur la lune
de Barbara Kingsolver

critiqué par Saint-Germain-des-Prés, le 26 juin 2006
(Liernu - 56 ans)


La note:  étoiles
Deuil et retrouvailles
Toujours égale à elle-même, B. Kingsolver nous offre un livre mêlant habilement sentiments, écologie et aventure.

De sentiments, il est question du début à la fin. L’héroïne, Codi, est très attachée à sa sœur. Elles se sont rarement quittées, mais c’est pourtant le cas ici. Codi revient au village natal où la santé de leur père réclame quelques soins tandis que sa sœur s’investit dans un projet humanitaire au Nicaragua. Codi retrouve Grace, petite ville d’Arizona, ainsi que son père, ses amis et … un ancien petit ami qui a marqué sa vie d’une trace indélébile (je ne peux vous en dire plus, vous découvrirez comment en lisant le livre).

Ecologie et aventure vont de pair dans le combat que mène Codi contre une société minière qui est en train de polluer impunément l’eau de la ville. Parallèlement à cette lutte menée avec les villageoises, Codi tente de sensibiliser les jeunes dont elle est le professeur de sciences à la fragilité d’un écosystème.

Beaucoup de beaux sentiments, donc. Ne serait-ce donc pas mièvre, ipso facto ? Non, et là réside une partie du talent de Kingsolver. Codi et sa sœur se défendent de vouloir sauver le monde, expression trop grandiloquente. Sa sœur explique que c’est la vie qu’elle a choisie car elle ne pourrait faire autrement, c’est une sorte de nécessité pour elle. Quant à Codi, ce combat s’impose à elle plus qu’elle ne l’a choisi. On les voit donc toutes deux assumer les conséquences, heureuses ou réellement dramatiques, des directions qu’ont prises leurs vies. D’autre part, les retrouvailles entre Codi et Loyd Peregrina, apache séduisant, si progressives et douces soient-elles, n’échapperont pas aux remous et autres remises en question. Mais jamais de façon rose bonbon…

Avec un style personnel qui a su se démarquer, Kingsolver est convaincante, poétique et surtout terriblement terrienne, c’est-à-dire attachée à la terre en tant que racines et en tant que mère nourricière. Tout ça mâtiné d’un humour dont voici un exemple qui a fait sourire le prof en moi. Elle parle bien sûr des élèves. « Ils restèrent parfaitement silencieux, mais en fin de journée, on ne peut pas vraiment dire ce que ça cache. Au choix, c’est ou du respect mêlé de crainte, ou la mort cérébrale, les symptômes sont les mêmes. »
Luttes 7 étoiles

C’est une écriture qui ne peut pas laisser indifférente, l’auteur est habitée par son récit sans aucun doute. Elle dépeint avec beaucoup de retenue l’histoire de deux sœurs qui n’ont jamais renoncé à vivre. Codi revient à Grace, après une longue absence, tant pour prendre soin de son père malade que pour tenter de prendre toute la mesure des évènements qui l’on conduit à s’éloigner pendant si longtemps de sa ville natale. Hallie, sa sœur cadette, est partie de l’autre côté de la frontière pour venir en aide aux populations qui sont exploitées et menacées par le gouvernement de son propre pays.

Codi s’efforce d’établir un dialogue avec tous les êtres chers qui ont accompagnés son enfance, avec son père qui éduqua ses deux filles dans l’idée qu’elles étaient uniques, avec sa sœur avec qui elle partagea tout et aussi avec les habitants de Grace qui, contrairement à elle, ne l’avaient pas oubliée.

Le talent de l’auteur est de savoir unir des sujets aussi divers que l’écologie, la politique, l’amour et la description des relations complexes entre les êtres au sein d’un même roman sans jamais s’égarer.

Heyrike - Eure - 56 ans - 25 avril 2009


Un de mes coups de coeur de cette année! 10 étoiles

Certainement l'un des plus touchants.Ce retour de Codi dans la petite ville de son enfance va littéralement l'obliger à se révéler à elle même,à arriver enfin au monde.
C'est aussi l'histoire d'une rencontre entre un père et sa fille,d'un père qui se perd dans les limbes de la maladie d'Alzheimer.

Effectivement, Barbara Kingsolver trouve une fois de plus la corde sensible et en joue en virtuose,tout en finesse..

Lenaig - - 51 ans - 20 décembre 2008