Léopold II, le royaume et l'empire
de Barbara Emerson

critiqué par Jules, le 13 juillet 2001
(Bruxelles - 79 ans)


La note:  étoiles
Un homme à l'énergie hors du commun
Dans l’esprit du peuple belge, Léopold II est certainement la stature la plus imposante de notre dynastie royale, avec Albert I. Par contre, il est fréquemment assez mal compris et mal jugé.
Barbara Emerson est anglaise et a fait ses études à Oxford. Après avoir travaillé deux années au « Cabinet Office » à Londres, elle est allé vivre à Paris et enfin à Bruxelles.
L'image qui colle à Léopold II est celle du roi colonisateur, si pas celle du roi cruel envers les populations colonisées.
Barbara Emerson nous rappelle que déjà Léopold I pensait à des territoires coloniaux pour la Belgique. Le jeune peuple belge se remettait difficilement, au point de vue économique, de la séparation d'avec la Hollande. Le roi voyait en d’autres territoires une solution d’expansion pour l'économie belge. Les hommes d’affaires et les politiques ne voyaient pas ces visées d’un bon œil. Ils les trouvaient trop risquées. Déjà Léopold I pensa à le faire avec ses propres moyens qui n’étaient pas à négliger.
Il fit diverses tentatives qui échouèrent, dont celle de faire des prêts assez important à la République du Texas en échange d’important morceaux de ce territoire. Mais le gouvernement américain l’a arrêté. Par la suite, soutenu par Léopold II, à l’époque duc de Brabant, il se tourna vers la Chine. Là aussi il fut arrêté par les autres puissances coloniales.
Nous connaissons la suite et la colonisation du Congo par Léopold II, aidé de Stanley. Il fit le tout avec sa fortune personnelle, l’Etat belge étant toujours aussi peu désireux de s’en mêler. Les politiques estimaient cela contraire à la sacro-sainte neutralité belge. Quant ces territoires lui furent définitivement acquis et qu’ils commencèrent à rapporter beaucoup d’argent, Léopold II proposera à l'Etat de les reprendre à son compte, mais pas à n’importe quelles conditions. Il faudra attendre octobre 1908 pour que le roi et l'.tat se mettent d'accord sur ces conditions.
Le Congo rapportait beaucoup d’argent chaque année et il sera pour une bonne part dans la prospérité de ce petit territoire qu’est la Belgique.
Quant à Léopold II, il géra cette colonie comme une entreprise privée qui devait gagner de l'argent. Une partie de ses bénéfices furent investis dans de grands projets de construction dans Bruxelles, comme l’avenue Louise, la porte de Namur, l’avenue de Tervuren, de grands parcs dans les capitales, le Cinquantenaire, le musée de Tervuren etc. Il est aussi appelé « le roi bâtisseur ». Il finança aussi des travaux à Ostende et dans les Ardennes, où il aimait résider. Beaucoup de familles belges retrouveront le nom de leurs ancêtres dans ce livre, et pour d'autres l’origine des noms de plusieurs grandes avenues.
Barbara Emerson conclut ainsi son livre : « Léopold II fut un patriote au-dessus de tout soupçon. Mais, quelles que fussent ses bonnes intentions, jamais il ne comprit que la fin ne justifie pas toujours les moyens. »