Ali ou Léo ?
de Sophie Curtil

critiqué par Sahkti, le 11 juin 2006
(Genève - 50 ans)


La note:  étoiles
Lire avec les enfants aveugles... ou non
Les Doigts qui rêvent, c'est une maison d'édition destinée aux enfants aveugles ou déficients visuels, dont le principal but est de les empêcher de tomber dans l'exclusion dont ils sont trop souvent les victimes. En proposant une série d'albums didactiques et tactiles (fabriqués par des personnes en réinsertion sociale), l'éditeur espère ainsi ouvrir la porte de l'exploration sans limites. Et c'est plutôt réussi !
En s'informant sur ce processus de fabrication très artisanale et les motivations bienvenues de l'éditeur, on comprend alors un peu mieux le prix élevé de cet album coloré. Qui est vraiment génial.

Inspirée d’un conte des Mille et une Nuits (Le sac prodigieux), l’histoire narrée oppose deux personnages, Ali et Léo, se disputant la propriété d’un sac. Afin de prouver que le sac leur appartient, nos deux lascars doivent énumérer avec détail son contenu. Chaque objet cité possède son empreinte, reproduite très judicieusement dans le livre. Contrairement à l’image, qui casse parfois un peu le plaisir, l’empreinte ici disponible ouvre les portes de la suggestion et de l’imaginaire. On touche, on effleure, on tâte, on cherche, on réfléchit. Bien plus compliqué qu’il n’y paraît. D’autant plus qu’à côté de l’empreinte figure un texte symbolique et métaphorique qui égare et aide à la fois.
A la fin du livre, un petit sac regroupe quelques objets ayant servi à la fabrication de ces empreintes (par exemple un clou ou un bouton).
Je trouve cette idée magnifique. Stimuler ainsi le toucher et l’imagination, c’est vraiment très enrichissant, à mes yeux en tout cas.

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